Willows lance un nouvel album Maison vent. - Gracieuseté
Un livre nécessaire sur l’histoire autochtone
Voici deux œuvres connectées au territoire. La version française de la bande dessinée 500 ans de résistance autochtone rend les recherches et les réflexions de l’auteur Gord Hill accessibles à un large public. En musique, on découvre le très bel album de Willow, auteure-compositrice-interprète métisse d’origine franco-manitobaine.
500 ans de résistance autochtone, Gord Hill (traduction de Marie C Scholl-Dimanche)
Il y a de ces livres qui remettent en question des idées reçues. C’est ce qui se produit avec la volumineuse bande dessinée qui revisite l’histoire des Amériques, pas celle qu’on lit dans les manuels scolaires, mais celle vécue par les peuples des Premières nations, d’après leur perspective.
La bande dessinée remet les pendules à l’heure à l’égard de la résistance autochtone face aux colonisateurs européens, de l’invasion des Caraïbes par Christophe Colomb jusqu’aux luttes plus récentes. Cet ouvrage ambitieux parcourt des milliers d’années d’histoire des peuples autochtones d’un bout à l’autre des Amériques à travers des événements marquants. «Une fois que vous aurez lu ce livre, vous ne pourrez plus jamais méconnaître la vérité», souligne Pamela Palmater qui signe la préface.
Avocate et professeure, Mme Palmater est membre de la Première nation mi’kmaq d’Eel River Bar dans le nord du Nouveau-Brunswick. Ce récit dévoile le mystère de l’expérience des peuples autochtones aux mains des colonisateurs, estime-t-elle.
«Il aidera les lecteurs à désapprendre la désinformation qu’on leur a transmise à l’école et dans les grands médias», affirme celle qui a passé sa vie à chercher la vérité de son peuple.
«Je ne comprenais pas pourquoi les histoires racontées par les membres de ma famille élargie et par notre entourage autochtone étaient si différentes de celles que j’apprenais à l’école», mentionne Pamela Palmater.
Le livre commence en expliquant que les autochtones habitent le territoire depuis des dizaines de milliers d’années. Faisant un survol des différentes cultures, les récits sont tous liés aux territoires défendus et protégés par les peuples autochtones. Il témoigne des luttes des autochtones face aux envahisseurs européens pour conserver leurs terres, leur souveraineté et leur autodétermination. L’auteur rappelle que les colonisateurs avaient tous le même objectif: acquérir les terres et les ressources des premières nations, pour ensuite les assimiler et les éliminer. L’ouvrage relate les actes de violence, de torture, de meurtre et de génocide commis au nom des politiques sur les «Indiens».
Il est aussi question d’événements plus récents tels que les manifestations Idle No More, la crise d’Oka en 1990 et les manifestations anti-pipeline des Wet’suwet’en. C’est un ouvrage très vaste divisé en 35 chapitres. J’aurais aimé que certains sujets soient analysés plus en profondeur, mais cela nécessiterait d’autres volumes.
En se servant de la bande dessinée pour raconter cette histoire, l’auteur offre la possibilité à un large lectorat, autant adulte qu’adolescent, d’avoir accès à ce récit. Les illustrations remarquables regorgent de détails et de couleurs. Ce livre à parcourir à petite dose pour bien saisir chacun des enjeux devrait se retrouver dans toutes les bibliothèques des écoles secondaires. L’auteur et militant Gord Hill est membre de la nation Kwakwaka’wakw sur la côte Ouest. (Éditions Prise de Parole, 2023) ♥♥♥½
Maison vent, Willow
Troisième opus de la musicienne-chanteuse Geneviève Toupin sous son pseudonyme Willows, Maison vent est tout simplement magnifique.
On est transporté par la voix enveloppante de l’auteure-compositrice-interprète franco-manitobaine, la délicatesse des harmonies et des orchestrations, et sa poésie inspirée par les femmes de sa famille. À travers les 14 pièces indie-folk, elle raconte l’histoire de femmes qui l’ont précédée ou qu’elle a connues, issues de différentes cultures. Des aventurières, des mères, des grands-mères, des avant-gardistes, des musiciennes…
Métisse de la Rivière Rouge d’origine franco-manitobaine et québécoise d’adoption, l’artiste touche également à l’identité, ayant grandi entre deux réalités, étant tiraillée entre deux provinces, deux langues. «J’aurais aimé connaître les larmes de mes ancêtres, lire leur peine et leur victoire dans mes livres d’histoire», chante-t-elle dans Who I Am.
Elle chante principalement en français, tout en intégrant un peu d’anglais et de Métchif-Français, langue ancestrale de la nation métisse. La musique qui reflète à certains égards ses différentes cultures nous amène à travers les prairies.
«Dans mes chansons, on ressent la connexion au territoire. Elles évoquent le vent, la terre, les lacs, les rivières, les grands espaces et la route. Je suis mon cœur, qui m’emmène à faire un aller-retour de l’Est à l’Ouest sur 2000 kilomètres…», explique-t-elle.
C’est un album organique, pertinent et probablement le plus réussi de ses offrandes. Des chansons très touchantes. Sa voix nous parvient tel un vent chaud réconfortant et poignant. Plusieurs musiciens ont collaboré à l’album, dont le contrebassiste Benoît Morier de Moncton. L’album sort le 24 mars. ♥♥♥♥