Je me suis gardée discrète ces dernières semaines quant au changement de nom de l’Université de Moncton. Ayant moi-même été étudiante, puis agente de recrutement pour l’institution, je ne me sentais pas encore prête à prendre position sur la question.

Comme agente de recrutement, mon défi premier a été de faire connaître l’Université en dehors du Nouveau-Brunswick et de l’Atlantique.

Croyez-le ou non, la majorité des Québécois que je rencontrais ne connaissaient pas, ou très peu, Moncton, Shippagan et Edmundston et il en était de même pour les Franco-Ontariens ou les Franco-Manitobains.

Puisque nous venons d’une petite région et que nos campus ne portent pas de nom tels que «Montréal» ou «Ottawa», il y avait tout un travail à accomplir pour faire connaître notre université et pour en augmenter l’effectif étudiant.

D’ailleurs, c’est en grande partie grâce à ces jeunes que l’on recrute à l’international et en dehors du Nouveau-Brunswick que notre université réussit à survivre et à garder la tête hors de l’eau.

L’Université de Moncton aurait de grands défis financiers si elle ne devait que s’appuyer sur ses inscriptions d’étudiants locaux.

Donc, ce qui m’inquiète dans le changement de nom, c’est de devoir tout recommencer à zéro, tout le travail de visibilité, de communication, de reconnaissance locale, nationale et internationale.

Je crois que l’on risque beaucoup et que l’on mettra énormément de pression sur nos équipes de recrutement, de communication et sur tout le personnel administratif et académique.

Mais malgré tout, le peuple à parlé et continue de se faire entendre. Monsieur le recteur et le Conseil de l’Université n’ont peut-être pas encore pris position quant au changement de nom de l’institution, mais le mouvement semble clairement avoir déjà pris son envol.

Certains élus et conseils municipaux, comme Caraquet, font déjà valoir leurs souhaits ou leurs conditions quant au nouveau choix de nom que portera leur université francophone.

Les Acadiens et alliés ne lâchent pas le morceau et les organismes multiplient leurs pressions auprès de l’administration universitaire.

Il serait très difficile pour le recteur Prud’Homme de faire reculer ce mouvement ou de prendre position contre les aspirations du peuple acadien.

Il est vrai que changer le nom de l’Université de Moncton causera des maux de tête à plusieurs, dont à ses employés, mais je crois aussi qu’ils seront témoins d’un moment historique.

Nous serons les premiers, en près de 60 ans d’histoire, à gagner cette grande bataille linguistique et sociale.

Monckton ne mérite pas que son nom soit sur nos établissements d’enseignement, encore moins sur nos diplômes d’études. Il est certain que ce bourreau et le nom qu’il porte devraient être mis aux oubliettes pour quelconque institution acadienne qui se respecte.

Alors oui, au final et malgré tout, je crois que nous devons changer le nom de notre université, puisqu’elle est à nous, elle nous représente et nous défend.

Cessons de vivre avec cette mentalité de colonisés qui nous a été imposée à travers les revers de la vie et de l’histoire, et réapproprions-nous ce qui nous appartient.

Car c’est en gagnant ces grandes batailles que nous assurerons une place dans ce monde pour nos enfants et nos petits-enfants de descendance acadienne.

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