Harmoniser travail et détente
Cette fin de semaine marque la moitié du chemin parcouru par les chrétiens entre le mercredi des cendres et Pâques. Ce quatrième dimanche de carême, appelé «Laetare», invite à la réjouissance. C’est une pause au milieu d’un temps de résolutions.
Il y a des traditions liées à cette période de l’année. Dans la liturgie ancienne, on bénissait en ce jour les fiancés qui allaient se marier au temps pascal. De nos jours, la liturgie de ce 4e dimanche laisser présager la joie de Pâques avec des sonorités plus joyeuses et des couleurs plus éclatantes.
Marquée par la tradition catholique, l’Acadie avait son lot de coutumes et de manifestations pour fêter la mi-carême. Je laisse aux anthropologues le soin de consigner ce passé pour l’avenir. Ce qui m’intéresse au présent, c’est de saisir la valeur des moments de répit.
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Si la mi-carême était célébrée autrefois, c’était par nécessité. Les efforts intenses doivent être tempérés. Un carême austère commandait un répit au milieu du parcours.
Difficile de persévérer sur un chemin exigeant sans moments de repos et de loisirs. Je retiens cette histoire ancienne pour montrer le besoin de relâche à certains moments de nos vies.
Lors de sa ronde en forêt, un chasseur aperçoit un groupe de moines se raconter des histoires et rirent à gorge déployée. Il s’approcha du supérieur pour lui dire son étonnement de voir les moines s’amuser alors qu’il devrait travailler et prier.
Le supérieur demande alors au chasseur de mettre une flèche à son arc et de bander son arc en tirant sur la corde. Il l’exhorte à tirer de plus en plus. Jusqu’à ce que le chasseur lui dise que s’il continue, l’arc pourrait rompre. Le supérieur lui répond: «il en est de même pour nous si nous ne donnons pas de relâche aux tensions de notre esprit et de notre corps».
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L’équilibre entre le travail, le repos et les loisirs est une quête constante. Toujours à refaire. Après avoir fait le travail de chaque jour, assumé les responsabilités parentales et participé à des engagements communautaires, il ne reste pas toujours du temps pour le repos. Si c’est le cas, c’est peut-être le signe d’une surcharge d’activités.
Même à la retraite, les occupations peuvent être nombreuses. Il y a des personnes à visiter, des malades à conduire au médecin, des petits-enfants à garder, des engagements à tenir pour vivre la solidarité. Tout cela ne doit pas être un prétexte pour ne pas avoir le temps de s’arrêter. Pour ne pas avoir le temps de se reposer, de dormir, de s’amuser.
Les moments de repos, les loisirs et les congés nous rappellent que nous ne sommes pas faits uniquement pour travailler. Personne ne peut s’imposer constamment des surcharges d’activités. Sinon, le corps et l’esprit se chargeront de nous le rappeler.
Aucune journée ne devrait être remplie au point de n’être plus capable de s’offrir un moment de détente au quotidien. Aucune charge de travail ne devrait être telle qu’il n’y ait plus de place pour réfléchir à la valeur de ses actions. Aucun travail ne doit solliciter toutes les énergies au point de laisser des miettes pour la famille, les proches et les amis.
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Ce ne sont pas les tâches qui sont problématiques: c’est leur accumulation au point de s’en soucier éperdument et de n’avoir plus de temps pour autre chose. Au milieu des activités quotidiennes, il est nécessaire de s’arrêter pour faire le bilan des occupations. J’appelle cela le «devoir de s’asseoir». De cette manière, nous pouvons effectuer nos tâches sans nous soucier constamment de leur efficacité.
La sagesse est de trouver le bon dosage entre les heures à travailler et celles à se reposer. Pour les gens qui travaillent trop, l’ouvrage peut devenir un bouclier pour se sentir dispensé de certaines responsabilités familiales et sociales.
À l’autre extrême, un excès de loisirs ne permet pas de saisir la vraie mesure de nos jours.
Pour nourrir l’âme de la vie, il y a cet appel à prendre le temps de vivre. Une vie équilibrée entre travail et repos est un défi. L’intelligence du cœur permet d’harmoniser au quotidien travail et repos. Bonne mi-carême!