Chaque printemps nous confirme que nous avons eu raison d’attendre. - Archives
Le printemps de l’Acadie?
Enfin, le printemps! La vie peut reprendre son cours. La sève s’activera à nouveau dans les arbres. Les bourgeons se gonfleront de promesses qui éclateront dans une myriade de petits bonheurs pour les yeux du cœur. Depuis des mois que nous attendions cette résurrection de la nature, la voici enfin!
Chaque printemps nous confirme que nous avons eu raison d’attendre. Raison d’espérer. Espérer, c’est avoir confiance. Confiance dans la vie. Confiance dans les autres. Confiance en soi.
Nous sommes toujours en attente de quelque chose. Attente de grandir, de terminer ses études, de se trouver un boulot, d’entreprendre une carrière, de tomber en amour, de fonder une famille, d’élever des enfants qui attendront de grandir à leur tour pour la suite du monde.
Nous attendons l’âme sœur, le bonheur, la joie, le succès ou la gloire, la richesse ou la prospérité, la lumière ou la sérénité. Et puis, il y a tout ce que nous n’attendons pas, et que je tairai aujourd’hui pour ne pas entacher la beauté d’un printemps retrouvé. Bref: tout le monde attend tout le temps!
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L’Occident attend. Il attend la fin de la guerre en Ukraine. Une invasion qui devait durer quelques jours, apparemment, s’étire depuis plus d’un an et nul ne sait quand prendra fin cette infamie qui met à mal l’Europe en révélant sa façade artificielle.
Car si l’Ukraine doit un jour céder devant son agresseur, c’est l’Europe tout entière qui écopera. Et l’Amérique aussi, par ricochet.
La Chine a flairé la bonne affaire. Pendant qu’elle est aux prises avec sa piètre gestion de la pandémie covidienne, qu’elle est au plus bas dans ses relations américaines, la voici qui s’affiche à Moscou, à côté de celui qui représente la plus grande menace à l’équilibre du monde depuis la dernière guerre mondiale.
Poutine est devenu un paria? Qu’à cela ne tienne! Sa Mère Térésa chinoise va le requinquer!
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Les États-Unis attendent. Ils attendent l’arrestation du bonhomme Trump pour son implication présumée dans une transaction financière nébuleuse. En fait, c’est lui-même qui a alerté la planète de son arrestation imminente, précisant qu’elle aurait lieu mardi, profitant d’ailleurs de l’occasion pour inciter ses disciples à protester vivement, lui qui se défend pourtant d’avoir incité quiconque à manifester en sa faveur au Capitol, en janvier 2021.
Est-ce une autre de ses tentatives de capter l’attention des Américains au moment où s’engage une rude bataille pour l’investiture présidentielle républicaine de l’an prochain?
En jouant le rôle de la victime sacrificielle, espère-t-il émouvoir suffisamment ses congénères pour faire oublier qu’il restera à jamais le grand perdant de l’élection présidentielle de novembre 2020? Et possiblement le grand perdant l’an prochain?
Et dire que ce n’est que l’une des épées de Damoclès qui lui pendent sur la tête!
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Le Canada attend. La terre de nos aïeux attend une véritable commission d’enquête sur l’ingérence présumée de la Chine dans des élections canadiennes, via du financement ou du magouillage dans certaines circonscriptions en faveur de candidats d’origine chinoise favorable à la Chine, si j’ai bien compris.
La Chine nous aurait manipulés. On sait maintenant à quoi servent les fortune cookies!
C’est d’ailleurs pour démêler tout ça qu’il faudrait une commission d’enquête publique indépendante. C’est ce que réclament avec raison les partis d’opposition. Mais le premier ministre Trudeau s’est contenté de nommer un rapporteur chargé d’enquêter à l’interne afin de déterminer (d’ici le 23 mai) s’il y a lieu de procéder à une enquête publique.
Le choix de l’ancien gouverneur général du Canada, David Johnston, comme «porte-paquet», est controversé. Le chef conservateur l’accuse d’être membre de la Fondation Trudeau et le chef bloquiste l’accuse d’être trop admiratif de la Chine. Même le chef néo-démocrate, grand facilitateur du gouvernement libéral, réclame une commission d’enquête publique.
On peut quasiment prévoir que M. Johnston, pour laver son honneur et exprimer son objectivité, voudra recommander une enquête publique, renvoyant la patate chaude empoisonnée à une autre instance. C’est dire si ça commence mal! Sortons nos boules de cristal!
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Le Niou-Brunswick attend. Il attend le discours du budget d’un gouvernement «aux prises» avec des surplus. Même si la dette de la province a baissé depuis l’arrivée au pouvoir du premier gouvernement coriste de la province, Higgs n’entend pas réinvestir ces surplus dans les infrastructures sociales, notamment le logement, mais bien de continuer à payer la dette.
Le gouvernement semble fier d’attendre une augmentation des transferts fédéraux pour combler une importante perte de recettes provinciales. C’est cette dépendance addictive qui fait qu’une province qui s’en tire somme toute pas si mal au niveau économique donne l’impression de patauger dans la pauvreté. Entre-temps, les citoyens ne voient pas s’améliorer la prestation des services publics que pourraient permettre ces surplus.
De toute évidence, Séraphin a un fils: Blaine Higgs!
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L’Acadie attend. Elle attend que son université se positionne sur un changement de nom.
Il ne sera pas facile pour certains de couper le cordon ombilical avec l’ère Robichaud. C’est compréhensible. D’autres opineront que le plus bel hommage que l’Acadie puisse rendre à Louis Robichaud, c’est justement de s’assumer entièrement, comme il s’est évertué à le favoriser durant ses mandats.
Pour arriver à créer l’Université avec le mot en M, il en a déjà fallu plusieurs changements de noms du côté de ses composantes. Les collèges Saint-Louis, Saint-Joseph, Sacré-Cœur et tous les autres qui ont fini par donner naissance à cette institution acadienne ont-ils démérité pour autant? Au contraire! On a plutôt salué leur attitude visionnaire.
Si l’histoire politique a voulu, dans un contexte difficile, qu’on donne à l’Université naissante un nom aussi tragique de l’épopée acadienne pour dorer la pilule chez les anglophones, la pilule a eu aussi son effet sur l’Acadie: l’institution a grandi. Jusqu’à devenir mûre pour un relooking!
C’est exactement comme le printemps! La nature reprend ses droits et déverse sur nous ses merveilleuses promesses. La vie triomphe. Vivement, je nous souhaite un printemps de l’Acadie!
Han, Madame?