On navigue entre la noirceur et la lumière, d’abord avec le nouveau roman de Laurent Chabin sur une histoire troublante de violence. En musique, la Néo-Écossaise Laura Rae offre un premier album francophone inspiré de sa famille.

Le prince charmant est une ordure, Laurent Chabin

Avec ce nouveau roman de l’auteur québécois d’origine française, on plonge dans la vie d’une femme sous l’emprise d’un amant violent. Nous sommes donc très loin du conte de fées. C’est un roman assez noir, dur, à l’image du réel, mais aussi très émouvant.

Montréal est frappé d’une vague de froid. Une nuit, un sans-abri que l’on devine autochtone, ayant établi ses quartiers au bord du canal Lachine, pas très loin de Saint-Henri, trouve une jeune femme abîmée et malade. Elle agonise sous le pont, alors qu’une pluie glacée tombe sur la ville. «On dirait un fantôme», se dit l’homme à la stature imposante. Quel événement a fait en sorte qu’elle se retrouve dans cet état lamentable? La guerre? La misère? Une catastrophe? Mais non, elle a fait la rencontre d’un homme qui, aux premiers instants, semblait parfait, élégant, beau et riche. Il lui fait miroiter la belle vie, en lui proposant des voyages, restaurants, grands hôtels et lui achetant tout ce qu’elle désire. Pour cette adolescente qui avait une vie plutôt ordinaire, c’est une grande aventure inattendue. Elle se laisse donc porter un peu naïvement par cet amour naissant qui se transforme en véritable descente aux enfers. On assiste à une escalade de violence et de déchéance.

L’homme sans-abri qui n’a pas l’habitude de prendre soin des gens écoute cette jeune femme qui, chaque nuit, lui livre bribe par bribe son histoire. «Oh oui, il m’a bien embrassée, le prince charmant. Il m’a bien baisée! Devant, derrière, dessus, dessous, jusqu’à plus soif!… La totale!», lui confie-t-elle.

Maître du polar à teneur sociale, Laurent Chabin sait comment maintenir le suspens. Il livre ce récit avec habileté. Son écriture est limpide, dans l’action et d’une grande précision. Il ne s’agit pas d’un polar, mais d’une oeuvre troublante sur une femme qui perd tous ses repères, s’isole, sous l’emprise d’un homme manipulateur et violent, en s’enfonçant malgré elle, dans cette relation malsaine. L’auteur sait mettre en relief la misère, les personnages marginaux de laissés-pour-compte.

Le début du livre est puissant. La rencontre entre l’itinérant et cette femme brisée m’a donné envie de poursuivre la lecture. Plus, elle confie son histoire, plus on se doute de ce qui s’est produit, bien qu’à certains moments, j’avais le sentiment que l’intrigue était un peu tirée par les cheveux. Laurent Chabin est un auteur très prolifique qui a écrit aussi pour la jeunesse. (Hugo Roman, 2023). ♥♥♥

 

Chansons pour ma grand-mère, Laura Rae

Voici une belle découverte musicale signée par une auteure-compositrice-interprète de la Nouvelle-Écosse. Après avoir enregistré quelques très bons titres en anglais, Laura Rae offre son premier album en français. Co-réalisée par Gabrielle Papillon, cette première offrande lumineuse s’ancre dans la famille. Avec cette collection de sept pièces, dont trois courtes interludes musicaux, elle explore l’histoire de quatre générations, des liens familiaux et de l’amour qu’ils ont tous pour la musique. L’artiste a aussi de la famille à Dalhousie. «Le samedi matin c’était pour lire / Le samedi soir on voyageait / À Toronto à Montréal / De notre salon à Dalhousie…» (extrait de la chanson Danser à la radio (Rose Noël)).

L’artiste rappelle que tout ce qu’on devient est grâce à ceux qui sont venus avant nous, même ceux qu’on n’a jamais rencontrés. «Chansons pour ma grand-mère est un album à propos de ma famille, oui, mais c’est vraiment une histoire pour tout le monde. Pour ceux qui aiment la musique, qui ont vécu un deuil, qui adorent leurs grands-parents, qui ont déjà chanté dans le salon d’un oncle ou d’une tante, qui se souviennent d’un bon souper chez leur mère, leur grand-mère, qui ont des cousins qu’ils aiment», explique-t-elle.

Tout en délicatesse, cet opus trouve sa source dans les poèmes et les histoires écrites par sa grand-mère Jeanne. La mère de l’artiste a publié un livre à partir de ce journal en 2015. Après sa mort, Laura Rae a retrouvé ce recueil et elle a commencé l’album. Chacune des chansons est associée à des gens de sa famille proche ou lointaine.

En matière de style, on est dans le folk un peu planant, tout en retenue. Piano, guitare acoustique, ukulélé, basse, cordes se conjuguent aux percussions. Elle a une voix douce et cristalline. Sans révolutionner le genre, elle nous offre un album plein de fraîcheur, empreint de nostalgie, qui vaut le détour. Certaines chansons sont mieux réussies que d’autres et j’aurais aimé un peu plus d’audace, mais c’est un bon début qui augure bien pour le futur. L’album est déjà disponible. ♥♥♥

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