Aux États-Unis, il est fréquent pour un politicien avec des ambitions présidentielles d’écrire un livre ou d’en faire écrire un en son nom. Le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui vient de publier The Courage to Be Free, ne fait pas exception à la règle ce qui laisse deviner qu’il sera vraisemblablement candidat aux primaires présidentielles du Parti républicain de 2024.

La sortie d’un livre est une étape importante dans un plan de campagne d’un candidat à la présidence puisque cela permet au politicien de faire une tournée à travers le pays pour en faire la promotion. Le public n’est toutefois pas dupe, plusieurs de ces livres ont connu peu de succès parce que la démarche avait un but marketing trop évident.

Dans cette logique, le probable candidat à l’investiture républicaine Ron DeSantis vient de publier le livre The Courage to Be Free, qu’on pourrait traduire par «Le courage d’être libre». Dans ce livre, il tente de démontrer que les recettes des succès qu’il a obtenus en Floride depuis 2018 pourraient être appliquées à l’ensemble des États-Unis.

Pour en faire la promotion, Ron DeSantis parcourt les États-Unis, ce qui lui permet de tâter le terrain en vue des élections présidentielles de 2024. Il se positionne de plus en plus comme une option, pour le Parti républicain, à l’ex-président Donald Trump.

Dans son livre, Ron DeSantis déclare la guerre aux élites, nécessairement de gauche, et tente clairement de s’en dissocier en insistant sur ses origines modestes. Il insiste également sur ses valeurs conservatrices en disant se méfier de l’État et de sa bureaucratie, mais en mettant tout de même en garde contre les dangers du capitalisme «woke».

Ron DeSantis s’oppose aux grandes entreprises qui se lancent dans l’activisme politique, notamment en se souciant des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Il rajoute que ces grandes entreprises, étant donné leurs tailles, exercent une immense influence sur la population mais, parce que privées, n’ont pas à rendre de compte aux citoyens.

C’est un discours qui, à première vue, peut paraître surprenant de la part d’un politicien républicain puisque ce parti a toujours été proche des chambres de commerce et des multinationales. Ron DeSantis n’est pas contre les entreprises, mais il se vante de mettre des bâtons dans les roues à celles, particulièrement les plus grandes, qui se mêlent de politique en défendant certaines idées progressistes.

En tête de ces entreprises à qui il reproche leur activisme politique de tendance progressiste se trouve la Walt Disney Compagny avec laquelle il semble avoir une relation complexe. Il n’a rien contre l’entreprise Walt Disney, qui contribue à l’économie de l’État de Floride et de l’ensemble des États-Unis, il s’est d’ailleurs marié avec la journaliste Casey DeSantis, avec qui il a eu trois enfants, au parc Walt Disney World Resort près d’Orlando.

Cependant, il s’oppose à l’idée que l’entreprise Walt Disney puisse imposer une idéologie progressiste, qu’il juge néfaste pour la famille, aux enfants. Il donne l’exemple des critiques de Walt Disney envers sa loi très controversée sur les droits parentaux, surnommée «Don’t say gay» qu’on pourrait traduire par «ne parlez pas des gais», qui interdit toute référence au genre ou à la sexualité dans les écoles primaires publiques.

Populisme oblige, Ron DeSantis semble avoir une fixation sur les élites qui défendraient une hégémonie progressiste contre laquelle il mène une guerre culturelle. Selon lui, ces guerres culturelles ne se font pas uniquement par des politiciens, mais aussi par les grandes entreprises.

En se mettant dans une posture de combat dans le cadre de guerres culturelles contre le progressisme, il utilise la stratégie trumpiste. Le discours de Ron DeSantis semble au diapason avec discours dominant en vigueur au sein du Parti républicain.

Toutefois, ce discours, même s’il est légèrement plus policé, est aussi le discours de Donald Trump. Or Donald Trump, en plus de Nikki Haley et Vivek Ramaswamy, a déjà officiellement annoncé sa candidature à l’investiture républicaine.

Dans ce genre de situation, il n’est pas illogique de penser que plusieurs républicains, même s’ils sont séduits par les discours de Ron DeSantis, préféreront l’original à la copie en votant pour Donald Trump. L’ère du trumpisme semble donc loin d’être terminée pour le Parti républicain.

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