Aramis (Romain Duris), Athos (Vincent Cassel) et Porthos (Pio Marmaï). De dos, D'Artagnan (François Civil). - Gracieuseté
Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan: magnifique!
Réponse du cinéma européen aux films-événements américains, Les trois mousquetaires: D’Artagnan (en salles) est une oeuvre magnifique portée par l’impeccable cinématographie du Montréalais Nicolas Bolduc.
Premier de deux volets adaptant le chef d’oeuvre littéraire d’Alexandre Dumas, D’Artagnan nous transporte en 1627, dans une France divisée entre protestants et catholiques.
Le vil cardinal de Richelieu conspire avec une mystérieuse espionne anglaise, Milady (Eva Green), pour que la guerre éclate. Une guerre, dont le roi Louis XIII (Louis Garrel) ne veut absolument pas.
En ces temps troubles, D’Artagnan (François Civil), un jeune Gascon ambitieux qui s’établit à Paris afin de réaliser son rêve: faire partie du corps des mousquetaires du roi.
Un très amusant concours de circonstances le mettra en relation avec les trois plus célèbres mousquetaires: les courageux Aramis (Romain Duris), Athos (Vincent Cassel) et Porthos (Pio Marmaï).
Quand des bijoux de la reine de France se retrouvent au coeur d’une machination qui pourrait faire sombrer le royaume dans la guerre civile, D’Artagnan sera appelé à combattre aux côtés de ses héros.
Si vous avez lu le roman de Dumas ou vu une de ses nombreuses adaptations au cinéma ou à la télévision, vous ne serez pas du tout dépaysé par le film de Martin Bourboulon (à qui l’on doit notamment l’excellent Eiffel). À quoi bon dénaturer un des grands récits de l’histoire de la littérature, n’est-ce pas?
D’Artagnan suit donc à la lettre, ou presque, les écrits du grand écrivain. Les scénaristes se sont toutefois permis d’y ajouter quelques très bons gags, tout en actualisant un peu le récit (Porthos y est notamment bisexuel et la belle Constance a des traits algériens).
Cette version des aventures des trois mousquetaires se démarque par la beauté de ses images. Bourboulon n’a rien d’un pied de céleri avec une caméra dans les mains et il conjugue ses efforts à ceux du directeur de la photographie Bolduc pour créer une oeuvre d’une richesse visuelle rarement vue.
On ne cesse de s’émerveiller devant le caractère inventif et soigné des prises de vue, d’un long plan-séquence lors du premier combat des mousquetaires à un escarmouche dont nous sommes témoins de l’intérieur d’un convoi cellulaire en passant par une absolument sublime poursuite à cheval à l’aube en bord de mer.
Le tout, filmé avec une caméra nerveuse, qui emprunte parfois au style d’Alejandro G. Iñárritu, parfois à celui de Paul Greengrass.
Le film se démarque également par ses scènes d’action, tournées par les comédiens eux-mêmes, et donc sans doublure.
Parlant des comédiens, Civil se débrouille assez bien dans le rôle principal. La palme du jeu revient toutefois aux vétérans Duris, Cassel et Garrel, ce dernier étant particulièrement savoureux dans la peau d’un Louis XIII extrêmement mou.
Il fallait s’y attendre, la fin nous laisse sur notre appétit. La table est toutefois mise pour le deuxième volet de cette immense fresque historique: Les Trois Mousquetaires: Milady, qui sortira en salle le 25 décembre de ce côté-ci de l’Atlantique.
Les trois mousquetaires: D’Artagnan est une oeuvre monumentale. C’est certainement un des meilleurs films français grand public du nouveau millénaire.
(Quatre étoiles sur cinq)
Rituel meurtrier
Ne vous laissez pas entourlouper par la présence de Morgan Freeman au générique de Rituel meurtrier (The Ritual Killer, disponible à la location). Ce suspense policier est d’un gênant amateurisme.
Le vétéran Freeman a été associé à quelques très bons films du genre au cours de sa carrière, dont Gone Baby Gone (2007), Along Came a Spider (2001), Kiss the Girls (1997) et, évidemment, Se7en (1995).
Dans Rituel meurtrier, Freeman interprète un anthropologue qui vient en aide à un policier du Mississippi (Cole Hauser) qui tente de mettre la main au collet d’un tueur qui mutile des enfants.
Tourné par George Gallo – un scénariste qui compte pourtant une vingtaine de films à son c.v. – Rituel meurtrier sent l’amateurisme à plein nez. Le scénario, les décors, le jeu des comédiens, la trame musicale et, surtout, le montage, manquent cruellement de raffinement.
Le récit, écrit par pas moins de sept personnes, est banal et ennuyeux – en plus de véhiculer d’insultants stéréotypes sur l’Afrique. Le personnage principal – impossible à aimer – est de plus l’incarnation de l’abrutissant cliché du policier endeuillé, renfrogné alcoolique et vite sur la gâchette.
Freeman, qui commence à afficher ses 85 ans, a, de son côté, déjà été meilleur. Il faut dire qu’il est extrêmement mal entouré. Le fait qu’un comédien de sa trempe ait choisi de s’associer à un projet aussi médiocre me dépasse.
Rituel meurtrier ne mérite pas une seule seconde de votre attention.
(Une demi-étoile sur cinq)