Le CMA bat son plein depuis dix jours, mais les couleurs de l’Acadie se font discrètes au centre-ville de Moncton. À peine quatre ou cinq commerces de la rue Main affichent le bleu, blanc, rouge et jaune, mais rien n’indique vraiment que la ville accueille le plus grand rassemblement d’Acadiens de par le monde.

En sillonnant les routes du littoral acadien au Nouveau-Brunswick et de la région Évangéline à l’Île-du-Prince-Édouard, les couleurs de l’Acadie sont bien visibles à la fois sur les maisons, les commerces et les enseignes de la plupart des municipalités.

À l’entrée du centre-ville de Dieppe, on peut apercevoir, entre autres, des bannières et de gros ballons aux couleurs de l’Acadie.

Or sur la rue Main à Moncton, au coeur même de la cité, ces couleurs sont pratiquement inexistantes, à l’exception du drapeau acadien habituel devant l’Hôtel de Ville et à l’entrée de l’espace Extrême frontière.

En arpentant la rue Main entre les rues Lewis et Highfield, l’Acadie Nouvelle a dénombré trois restaurants et une boutique qui affichent le drapeau acadien à l’extérieur de leur établissement.

La conseillère à la ville de Moncton, Paulette Thériault, admet que le centre-ville aurait pu être plus coloré.

«Je suis très déchirée avec tout ceci parce que je dois dire que je l’ai remarqué. Je pense qu’on aurait peut-être pu être un peu plus coloré. Je pense qu’il faut aussi réaliser que c’est énorme comme organisation pour la Ville de Moncton parce qu’il y avait non seulement le CMA, mais il y avait aussi le Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique. Je suis en accord qu’on aurait pu vraiment ajouter une touche un peu plus colorée, non seulement sur la rue principale, mais à l’Hôtel de Ville de Moncton», a déclaré Mme Thériault, précisant ainsi qu’elle s’exprime à titre d’Acadienne.

Pas d’incitatif formel

Un porte-parole du Congrès mondial acadien a fait savoir que la décoration relève principalement des municipalités hôtesses. Du côté de la Ville de Moncton, on nous a indiqué qu’il y a des composantes qui ont été installées aux différentes entrées de la ville comme pour tous les grands événements qu’accueille la municipalité et sur le site de l’Extrême frontière.

La directrice des communications corporatives, Isabelle LeBlanc, a précisé dans un courriel que la Ville a déjà tenté d’instaurer des programmes incitatifs pour les commerçants lors d’autres gros événements, mais sans trop de succès. Chaque événement est différent.

«Parfois, l’organisation en question met sur pied un programme (décors) pour les commerçants. Ils vont rendre disponibles des affiches, des collants ou d’autres item et en font la promotion. Ça permet une image standardisée pour l’événement et une visibilité accrue. On a vu ça avec l’IAAF. Dans le cas du CMA, il n’y avait pas de programme défini», a-t-elle fait savoir dans son message.

Quant au programme de bannières sur les lampadaires, c’est Moncton Centre-Ville qui s’en charge. Il n’a pas été possible de joindre un responsable de l’organisme à ce sujet.

Étonnement

L’historien Maurice Basque est surpris et déçu du peu d’affichage au centre-ville. Pourquoi ne pas avoir ajouté des fanions bleus, blancs, rouges et jaunes aux côtés des bannières multicolores de la fierté (LGBTQ) sur la rue Main? Il estime, peut-être naïvement, qu’on aurait pu s’attendre à un immense drapeau acadien sur la façade de l’Hôtel de Ville ou à des décorations spéciales au Centre Avenir.

«Honnêtement, comme habitant de Moncton, comme quelqu’un qui fréquente le centre-ville, ça m’a vraiment surpris quand j’ai parlé du CMA à un propriétaire de restaurant anglophone (situé à quelques mètres du bureau du CMA) et qu’il m’a demandé: “what’s that?”…J’aurais aimé que la Main se fasse un peu plus belle pour le CMA et qu’elle affiche ses couleurs parce que les couleurs des dollars, elles, sont bien présentes.»

Le directeur du Centre culturel Aberdeen et producteur du Festival Acadie Rock, René Légère, estime que la Ville a fourni beaucoup d’efforts pour l’organisation du CMA, notamment dans l’aménagement de l’espace Extrême frontière qui est bien visible.

Le Centre Aberdeen qui arbore les couleurs de l’Acadie a reçu de l’aide de la municipalité pour les décorations. Il estime tout de même qu’une initiative aurait pu être mise en place pour sensibiliser les commerçants à l’événement.

«À ce niveau-là, il y a peut-être eu un petit manque, mais je pense que les commerçants sont en train de le réaliser avec le congrès. Dans les années qui s’en viennent, il y aura d’autres festivals Acadie Rock et je crois que j’aurai beaucoup plus de facilité à partir de maintenant, à convaincre les commerçants d’embarquer dans une décoration plus complète de la ville et peut-être de participer davantage.»

M. Légère rappelle qu’à ses débuts, le Festival Acadien et la Ville de Caraquet ont dû entreprendre des démarches très concrètes afin d’inciter les commerçants à exhiber les couleurs acadiennes pour les célébrations du 15 août. Il rappelle que Moncton est une ville majoritairement anglophone.

«Ceci pour moi, c’est le début de quelque chose et je pense qu’à l’avenir ce sera plus facile d’embarquer les commerçants dans une initiative de décorer la ville pendant le festival Acadie Rock. Je ne suis pas négatif. Les commerçants sont très heureux, leurs restaurants sont pleins, les hôtels sont pleins. Il y a peut-être une stratégie à mettre en place dès maintenant pour embarquer le monde.»

La présidente de la Société nationale de l’Acadie et résidente de Moncton, Louise Imbeault, qui a bien sûr décoré sa maison, estime que dans une ville, les décorations sont souvent dispersées comparativement aux plus petites municipalités des régions rurales.

«Juste sur ma rue, on est trois de suite qui ont décoré, mais avant et après, il y a des immeubles à logements qui ne sont pas décorés et des commerces qui ne sont pas décorés. C’est sûr qu’on aurait pu le souhaiter, mais il y a eu de véritables efforts de la ville, notamment avec la désignation du parc Gérald-Leblanc et l’espace l’Extrême frontière», a-t-elle commenté.

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