Plus que jamais, les usines de transformation des produits de mer et de nombreuses exploitations agricoles dépendent de travailleurs étrangers temporaires, qui s’installent dans la région pendant quelques mois pour occuper des postes désertés par les Néo-Brunswickois. S’ils contribuent à la prospérité de ces entreprises et participent à la sécurité alimentaire de la province, leur réalité, parfois précaire et difficile, reste largement méconnue.
C’est la cinquième fois que Luis Carlos Jimenez Lopez quitte l’État de Chihuahua au Mexique pendant sept à huit mois, pour travailler dans les champs du Canada. Employé par la Nature’s Route Farm à Pointe de Butte, près de la frontière avec la Nouvelle-Écosse, il y restera jusqu’en décembre avec deux autres compatriotes.
Le travail agricole est saisonnier. La vie conjugale l’est aussi. «Nous essayons d’offrir une meilleure vie à notre famille, mais c’est difficile d’être loin aussi longtemps», confie l’homme de 38 ans qui laisse derrière lui sa femme et ses quatre enfants.
«Mon rêve, c’est de pouvoir rester au Canada et de faire venir ma famille.»
Luis Carlos Jimenez Lopez rêve de s’installer au Canada pour de bon en compagnie de ses proches. – Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Le propriétaire de la ferme biologique, Kent Coats, promet de le soutenir. L’agriculteur s’est tourné en 2018 vers le programme des travailleurs étrangers temporaires, après plusieurs récoltes épuisantes.
Le ramassage des carottes et des pommes de terre est désormais mécanisé, mais la récolte des zucchinis, brocolis, poivrons, tomates, épinards et autres laitues se fait entièrement à la main. Les locaux prêts à exercer un métier aussi exigeant physiquement se font rares.
«C’était devenu trop stressant à la fin de la saison. Nous avons toujours eu du mal à trouver du monde pour faire les tâches plus pénibles. Quand l’école reprend en septembre et qu’il faut récolter avant l’arrivée du froid, ça devient extrêmement difficile de trouver des travailleurs», explique celui qui vend ses produits chaque samedi au marché de Dieppe.
«Si je n’avais pas eu la possibilité d’embaucher des personnes de l’extérieur, je ne serais plus en train de le faire, j’aurais abandonné en 2018. Ç’a été formidable, soudainement, j’avais le temps de nettoyer la ferme, de faire mes comptes, de travailler sur le développement de l’entreprise.»
Kent Coats, propriétaire de Nature’s Route Farm, estime que le programme des travailleurs étrangers temporaires a sauvé son exploitation agricole. – Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Leopoldo Martinez Barruentos en est à sa septième saison au nord du continent. À chaque paie, il envoie une partie de son revenu à ses proches restés dans l’État de Campeche. La législation néo-brunswickoise lui assure de gagner au moins une fois et demie le salaire minimum pour chaque heure de travail au-delà de 44 heures par semaine.
Il doit pour cela se résigner à manquer des événements importants de la vie de ses enfants. «C’est un travail difficile, mais quand je gagne 100 $, c’est une semaine de travail chez moi», précise-t-il en espagnol.
Leopoldo Martinez Barruentos est venu travailler dans les champs du Canada pour élever le niveau de vie de sa famille. – Acadie Nouvelle: Simon DelattreNe maîtrisant ni le français ni l’anglais, il doit compter sur l’aide de Luis pour assurer la traduction. L’homme de 38 ans dit sortir assez peu et consacrer une bonne partie de son temps à appeler sa famille.
Le programme exige de leur employeur qu’il prenne en charge les coûts du voyage, mette à disposition un logement et fournisse une assurance maladie privée s’ils ne sont pas couverts par le régime d’assurance maladie provincial. Kent Coats assure aller au-delà en leur offrant un moyen de transport et en les aidant dans leurs démarches administratives.
«Nous avons une très bonne relation, ils comptent beaucoup sur moi», affirme le fermier, qui salue l’efficacité de son équipe. «J’ai toujours eu de bons employés, mais ces gars sont aussi très reconnaissants. Leurs familles dépendent de leur ouvrage, ils n’ont pas de filet de sécurité comme nous au Canada. Et je leur suis très reconnaissant également, nous avons une très bonne relation. Ils n’ont pas l’impression qu’on profite d’eux et je n’ai pas l’impression de demander des choses déraisonnables.»
De Saint-Vincent à Memramcook
Alson et Romarrio Robinson peuvent gagner au Nouveau-Brunswick un salaire plus décent qu’à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. – Acadie Nouvelle: Simon Delattre
En vous promenant entre les rangées de pommiers du verger Belliveau, à Memramcook, vous rencontrerez peut-être Romarrio et Alson Robinson, occupés par la cueillette. Ils font partie du groupe de 13 travailleurs étrangers temporaires originaires de Saint-Vincent-et-les-Grenadines embauchés par l’exploitation agricole, qui ne parvient plus à trouver une main-d’œuvre locale pour collecter ses fruits.
Alson Robinson est arrivé le premier, il y a près de sept ans, pour assurer les travaux extérieurs: qu’il s’agisse de planter les pommiers au printemps, de les tailler pendant l’hiver ou d’en récolter les fruits à l’automne.
«Dans cinq ans, je me vois encore ici», lance-t-il.
«J’adore travailler, peu importe où on me met, je donne le meilleur de moi-même!»
Il ajoute n’avoir pas de regrets d’avoir laissé derrière lui le petit pays des Caraïbes, qui connaît un taux de chômage de 22%.
«Je veux progresser dans la vie et me bâtir un avenir. Il faut faire ce sacrifice, quitter la famille pour se nourrir.»
Son cousin, Romarrio, l’a rejoint en octobre 2020. «La vie est très dure à Saint-Vincent, rapporte-t-il. Chez nous, il est très difficile de trouver un travail et ça ne paie pas assez pour soutenir une famille. Là-bas, je gagnais le quart de ce que je gagne ici.»
Depuis la mi-septembre, ils ont été rejoints par neuf Jamaïcains et neuf Mexicains venus en renfort pour la récolte. La cadence s’accélère pendant cette période d’un mois et demi, l’équipe travaille alors tous les jours et cumule jusqu’à 60 heures par semaine.
«Certains jours, je me demande comment ils font», souffle le propriétaire, Samuel Bourgeois.
L’entreprise dispose de cinq maisons pour loger ces travailleurs, mentionne-t-il.
«En cette période de l’année, les maisons sont remplies. Une fois que ça se calme, on s’assure que chacun a sa chambre.»
Un renfort temporaire… pour un manque permanent
Pour Samuel Bourgeois, propriétaire du verger Belliveau, les travailleurs étrangers temporaires ont été essentiels à la croissance de l’entreprise. – Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Le rôle décisif joué par les travailleurs étrangers temporaires est apparu évident en avril 2020, lorsque le gouvernement Higgs a décidé de leur interdire l’accès au territoire, suscitant l’émoi parmi les producteurs agricoles. Privés d’une main-d’œuvre impossible à remplacer, ces entrepreneurs craignaient de perdre leur récolte et ont fini par convaincre le premier ministre de faire marche arrière.
Pour Samuel Bourgeois, l’histoire à succès du verger Belliveau ne pourrait s’écrire sans ce programme d’immigration pensé pour aider les entreprises à optimiser leur productivité lorsqu’il n’y a pas suffisamment de travailleurs canadiens ou de résidents permanents pour faire le travail.
«Il manque de main-d’œuvre partout, souligne-t-il. S’il n’y avait pas de travailleurs étrangers, je ne serais plus dans l’agriculture. Ça nous a aidés à trouver d’autres marchés et à faire grossir l’entreprise.»
Le nombre de travailleurs étrangers temporaires entrant au Nouveau-Brunswick n’a cessé de croître ces dernières années, passant de 1020 en 2015 à 2430 en 2021, un sommet historique. La majorité d’entre eux viennent prêter main-forte aux usines de transformation pendant la saison de pêche.
À Saint-Simon, près de Caraquet, Bolero Shellfish Processing a dû accélérer le processus d’embauche cette année, avec 19 recrues venues du Mexique et 22 des Philippines.
«Nos employés avancent en âge et il n’y a pas de relève pour prendre leur place», observe Carole Gionet, contrôleuse financière au sein de l’entreprise.
Comme un symbole, l’employeur a commencé à convertir l’ancienne école du DSL en immeuble à logement de 48 unités.
Cette tendance n’est pas près de s’inverser, note le directeur général de l’Association des transformateurs de homard des Maritimes, Nathanaël Richard.
«La contribution des travailleurs étrangers est devenue essentielle au secteur», souligne-t-il. «Les usines et les pêcheurs leur doivent une fière chandelle.»
Des travailleurs en position de vulnérabilité
Pour Luis Carlos Jimenez Lopez, qui ne parle ni anglais ni français, la barrière de la langue est une difficulté quotidienne. – Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Pour plusieurs défenseurs des droits de la personne, le programme des travailleurs étrangers temporaires entretient une forme de dépendance et un rapport de force déséquilibré entre les employeurs et les employés qui rend d’éventuels abus plus difficiles à dénoncer.
Une étude publiée en 2020 par la Bibliothèque du Parlement soulignait l’isolement vécu par nombre de ces saisonniers.
«De longues heures de travail, une barrière linguistique et une mobilité limitée sont aussi des facteurs qui contribuent à restreindre leur intégration dans leur collectivité.»
Leur permis de travail exclusif ne leur permet pas de changer d’employeur sans l’accord de l’entreprise. Cela fait d’eux des travailleurs «captifs», note Tracey Glynn, professeure adjointe à l’Université St. Thomas, à Fredericton. L’universitaire a pris part à un projet de recherche sur les travailleurs saisonniers des provinces maritimes et réalisé des entrevues avec plusieurs d’entre eux. Le rapport portant sur l’Île-du-Prince-Édouard, qui a été publié l’an dernier, évoque le cas de logements surpeuplés, citant l’exemple de 17 travailleurs entassés dans une maison unifamiliale.
«Le fait d’être lié à un seul employeur et de vivre dans un logement fourni par l’employeur accroît la vulnérabilité des travailleurs migrants, en raison des difficultés de communication avec les employeurs et les autorités locales, de la peur constante de perdre leur emploi, du manque d’informations concernant leurs droits en matière d’emploi et de l’accès limité aux services», peut-on lire dans le document.
Tracey Glynn estime que le système protège mal contre le risque d’exploitation: les immigrants temporaires n’ont pas une bonne sécurité d’emploi, ne peuvent se prévaloir des bénéfices de tous les programmes publics auxquels ils contribuent et se retrouvent dans un environnement dans lequel ils n’ont pas de repères. Aussi a-t-elle participé récemment à la création du Madhu Verma Migrant Justice Centre avec d’autres citoyens de Fredericton.
«Il y a eu de nombreux problèmes graves que les travailleurs ont signalés et nous avons essayé de répondre à leurs besoins en les aidant avec des plaintes liées au travail et des demandes d’immigration ou simplement leurs besoins immédiats en matière de logement et de nourriture», explique-t-elle.
Une autre organisation de défense des droits, la Migrant Workers Alliance for Change, mène un travail similaire et réclame que le gouvernement fédéral accorde à tous un statut permanent.
Niger Saravia, coordonnateur pour la région de l’Atlantique, estime que l’omerta règne parmi les travailleurs étrangers qui n’osent pas dénoncer des situations abusives par crainte de représailles.
«Nous les soutenons en les aidant à s’y retrouver dans le système de santé, dans le système d’assurance-emploi, et en les aidant à s’organiser sur leur lieu de travail pour empêcher les abus», mentionne-t-il.
«Simpliste et injuste»
Le directeur général de l’Association des transformateurs de homard des Maritimes, Nathanaël Richard, juge ce portrait «simpliste et injuste». Il fait valoir que le secteur de la transformation de la région affiche un «bon bilan» en matière de respect des exigences fédérales et que les cas d’abus ont principalement été recensés dans des exploitations agricoles du Québec et de l’Ontario. Il rappelle aussi que les employeurs sont soumis à des inspections et divers contrôles.
«Si les usines de transformation étaient de si mauvais employeurs, pourquoi a-t-on une rétention aussi impressionnante», questionne Nathanaël Richard.
«Pourquoi a-t-on tant d’exemples de travailleurs qui choisissent de revenir année après année? Souvent, ils viennent au Canada parce qu’ils peuvent donner une meilleure vie à leur famille, à leurs enfants. Dans bien des cas, ils gagnent plus en une heure qu’ils ne le feraient en une journée dans leur pays d’origine, si tenté qu’ils puissent trouver un emploi. Beaucoup de ces travailleurs ont pu construire des maisons dans leur pays et permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études.»
À la banque alimentaire par dizaines
Une banque alimentaire. – Archives
Au cours de l’été, les banques alimentaires de Néguac, Richibouctou et Shediac ont été dépassées par l’arrivée en nombre des travailleurs étrangers temporaires, soudainement privés de travail plus tôt que prévu.
Selon le Food Dépôt Alimentaire, qui a dû organiser des livraisons spéciales pour répondre à cette demande inattendue, près de 150 travailleurs d’usines de transformation des produits de la mer se sont tournés vers l’aide alimentaire cette saison. Stéphane Sirois, directeur de l’organisme, s’interroge sur la responsabilité des employeurs et croit que le modèle doit changer pour éviter que cela se reproduise.
Nathanaël Richard, de l’Association des transformateurs de homard des Maritimes, attribue la situation à l’effondrement de la demande pour le crabe et le homard. Les usines se sont engagées à offrir une moyenne de 30 heures par semaine pour l’ensemble de la saison. Leurs difficultés à vendre les produits transformés cette année ont conduit à des arrêts de production plus longs qu’à la normale, souligne M. Richard.
«Certains travailleurs envoient beaucoup de leurs revenus pour soutenir la famille et ils n’avaient pas anticipé un affaiblissement imprévu et soudain après une année record en 2021», dit-il.
«Les usines ne contrôlent pas la matière première, s’il n’y a pas de pêche il est légitime qu’il puisse y avoir un arrêt de production. Cette année, les conditions de marché ont été exceptionnelles. Dans le cas du crabe, on parle de la pire année de l’industrie.»
Un programme qui se réforme
Le gouvernement fédéral semble avoir tiré les leçons des cas de mauvais traitements subis par des travailleurs étrangers temporaires ayant fait les manchettes à travers le pays depuis le début de la pandémie. Il a récemment renforcé les mesures destinées à mieux protéger cette main-d’oeuvre saisonnière.
Un nouveau règlement a été établi en septembre. L’employeur doit désormais fournir aux travailleurs étrangers des contrats écrits et des renseignements sur leurs droits en matière d’emploi.
«Ces personnes viennent au Canada pour travailler dans les entreprises canadiennes et participer à l’essor de l’économie canadienne. Nous avons la responsabilité de faire en sorte qu’ils soient protégés et respectés», soulignait la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’oeuvre, Carla Qualtrough, lors de l’entrée en vigueur du règlement.
Tous les employeurs participant au programme sont maintenant tenus de «faire des efforts raisonnables pour fournir aux travailleurs étrangers temporaires l’accès à des soins de santé lorsque ces derniers deviennent malades ou se blessent sur les lieux de travail».
Service Canada publie également une liste des entreprises épinglées lors des inspections et des permis de travail ouverts sont distribués aux employés qui se trouvent dans un environnement de travail inadéquat pour qu’ils puissent rapidement trouver un autre employeur.
Un rapport de la vérificatrice générale du Canada, déposé en décembre 2021 à la Chambre des communes, a toutefois pointé les limites des inspections réalisées par Emploi et Développement social Canada, notant qu’elles avaient permis «d’obtenir peu d’assurance quant à la protection de la santé et de la sécurité des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires du secteur agricole canadien pendant les saisons agricoles 2020 et 2021». Notons aussi que les employés fédéraux ne procèdent toujours pas à des inspections surprises.
Revoir les méthodes de recrutement
Bolero Shellfish Processing, à Saint-Simon. – Capture d’écran
Une recherche menée en 2018 sur l’expérience de 22 travailleurs de la Thaïlande et des Philippines employés dans une entreprise de transformation des produits de la mer du Canada atlantique a révélé que plusieurs de ces saisonniers ont dû transiger avec des agences de recrutement dans leur pays et s’acquitter de frais de recrutement conséquent.
Les nouvelles règles fédérales interdisent justement aux employeurs comme aux recruteurs de percevoir de tels frais, et permettent aussi au gouvernement de récupérer et de retourner ces sommes aux travailleurs.
Tracy Glynn, qui milite pour les droits des travailleurs saisonniers, souhaiterait voir le Nouveau-Brunswick imiter L’Île-du-Prince-Édouard, qui a récemment adopté une Loi pour la protection des travailleurs étrangers temporaires.
Celle-ci interdit spécifiquement aux employeurs d’intimider les travailleurs qui déposent des plaintes liées aux conditions de travail, prévoit des inspections des lieux de travail par des agents provinciaux et impose des amendes allant jusqu’à 25 000$. Elle oblige aussi les employeurs à passer par des recruteurs détenteurs d’un permis et inscrits sur un registre provincial.
Selon Nathanaël Richard, plusieurs usines de transformation ont développé une expertise dans le recrutement à l’interne et recourent de moins en moins à des intermédiaires.
De son côté, Carole Gionet, membre de l’équipe de direction de Bolero Shellfish Processing, évoque des initiatives mises en place pour prévenir les conflits de travail, notamment la création d’un système qui permet aux employés de soumettre des plaintes de façon anonyme et le recours aux services d’un traducteur lors des rencontres d’équipe.
Créer une communauté accueillante
Chedly Belkhodja, directeur du Centre pour l’étude de la politique et de l’immigration à l’Université Concordia, à Montréal, estime qu’une meilleure intégration des travailleurs saisonniers étrangers passera par une implication accrue de la communauté.
Il prend en exemple le cas du village Cap-Pelé, qui s’est bien adapté à la présence des travailleurs d’usine venus des Philippines, de la Jamaïque et du Mexique. L’universitaire remarque notamment les efforts faits par la municipalité pour souligner les fêtes religieuses et les événements culturels de ces communautés, l’apparition d’une section internationale dans l’épicerie du village, l’organisation de soirées mexicaines et jamaïcaine au Bar 15, ou l’offre de cours de langue par le Centre d’accueil et d’accompagnement francophone des immigrants du Sud-Est (CAFI).
«ll ne faut pas que ce soit seulement l’employeur qui mène le bal et contrôle tout, il faut un écosystème», souligne M. Belkhodja.
Si le programme des travailleurs étrangers temporaires a longtemps restreint la possibilité pour les participants d’obtenir la résidence permanente, le gouvernement fédéral a élargi les voies d’accès ces dernières années.
Il a présenté le mois dernier une stratégie visant à faciliter davantage cette transition, notamment en accordant des places supplémentaires dans le cadre du Programme d’immigration au Canada atlantique, du Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord, de même que le Programme des candidats des municipalités, une fois qu’il sera lancé.
«De plus en plus d’employeurs les encouragent dans cette voie et les parrainent», affirme Nat Richard.
Après de nombreuses années à faire l’aller-retour entre les Phillipines et le Nouveau-Brunswick, Nely Cruz et France Balmaceda ont enfin obtenu la citoyenneté canadienne. – Gracieuseté
Au début d’octobre, le transformateur Captain Dan’s Seafood à Cap-Lumière a ainsi organisé une petite cérémonie pour souligner le fait que deux de leurs employées philippines de longue date, France Balmaceda et Nely Cruz, sont récemment devenues des citoyennes canadiennes dix ans après leur arrivée au Nouveau-Brunswick.
«Être citoyenne canadienne signifie beaucoup pour moi, confie Nely Cruz. Le Canada n’est pas seulement ma maison, mais une partie de qui je suis en tant que personne. Je considère cela comme l’une de mes plus grandes réalisations.»
Si le mal du pays se fait sentir de temps en temps, France Balmaceda est soulagée d’être enfin réunie avec son fils et de pouvoir «l’élever dans un environnement calme et paisible».
À l’avenir, leurs parcours ne seront probablement plus l’exception.