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L’identité brayonne en péril

L’Acadie est souvent caractérisée par la force de ses identités régionales. Celles-ci ont longtemps été définies à l’aide de symboles que l’on croyait presque éternels, mais plus que jamais, ces représentations culturelles évoluent ou disparaissent lentement.

L’un des exemples de ce changement à l’heure de la mondialisation est l’identité brayonne.

Pour plusieurs historiens, sociologues et autres experts s’étant interrogés sur les particularités du Madawaska, ce désir de certains de se distinguer de l’Acadie traditionnelle en adoptant des symboles comme le terme République a commencé à se développer dans les années 1940 et 1950. C’est n’est vraiment qu’à compter des années 1960 que l’identité brayonne est davantage mise en valeur en tant que projet de développement culturel et économique.

Dès le départ, l’idée même de ce concept ne fait pas l’unanimité au Nord-Ouest. Adrien Bérubé, professeur en géographie, rappelle les résultats d’un sondage qui a été fait dans les années 1970 qui démontraient que l’identité brayonne était forte à Edmundston, mais qu’elle déclinait au fur et à mesure que l’on s’éloignait de cette municipalité.

«Je dirais que, généralement, les gens ici se définissent comme Madawaskayens. Pour beaucoup, c’était négatif de se faire traiter de Brayon, car certains disaient que ça voulait dire que l’on parlait mal ou que l’on était habillés en guenilles.» (NDLR: L’origine du mot est un peu nébuleuse, mais en Acadie, il signifiait «torchon» ou «vieux morceaux de tissus».)

L’historien Jacques Paul Couturier a étudié de long en large l’histoire du Madawaska et de la construction de l’identité de ses habitants. Dans son article: La République du Madawaska et l’Acadie, la construction d’une région identitaire d’une région néo-brunswickoise au 20e siècle, il examine le processus de construction identitaire au Madawaska. Il cherche à mettre à jour les représentations identitaires qui prennent forme dans la région et à les mettre en lien avec l’identité acadienne.

Déjà, dans cet ouvrage, il montre que les représentations identitaires régionales se sont recomposées au fil du siècle, au fur et à mesure que l’environnement s’est modifié.

Encore aujourd’hui, M. Couturier reconnaît que nos sociétés sont dans un contexte de transformation très rapide dans lequel la notion même d’identité s’est transformée. L’identité brayonne n’y a pas échappé.

«Il ne faut pas perdre de vue les changements qui ont eu lieu dans la sphère socio-économique. Au moment où ces identités étaient fortes, nous étions encore dans un contexte de rivalités et de tensions régionales, chose que l’on voit moins maintenant», explique Jacques Paul Couturier.

«Cette notion de compétition est encore importante, mais elle a une dimension beaucoup moins significative.»

M. Couturier se rappelle que l’Université de Moncton a souvent été le théâtre de ces rivalités régionales dès les années 1970.

«Quand on participait dans des organisations provinciales, on sentait cette rivalité. Je me souviens, quand j’étais étudiant et que je représentais le campus d’Edmundston au sénat académique, les membres d’Edmundston étaient ensemble, car on sentait que l’on faisait partie d’un bloc régional.»

Depuis ce temps, l’historien estime que l’université a beaucoup évolué et même participé à l’atténuation des différences régionales. «Maintenant, on s’assoit davantage avec des gens qui ont les mêmes affinités personnelles.»

L’embarras du choix 

La disparition de référents identitaires comme la Foire brayonne et le journal Le Madawaska, ainsi que l’atténuation d’autres symboles comme celui de la mythique République du Madawaska et de la légende des six peuples fondateurs (Acadiens, les Canadiens français, les Écossais, les Irlandais, les Anglais et les Malécites) coïncident avec l’arrivée de nouvelles façons de s’identifier, estiment la plupart des intervenants qui ont été interrogés par l’Acadie Nouvelle.

Selon l’historien Philippe Volpé, avec le rétrécissement du monde (mondialisation), les référents régionaux et nationaux

perdent de leur signification. Il croit que les jeunes se sentent plus interpellés par des sujets qui débordent des frontières, que ce soit les questions environnementales, la diversité sexuelle et ainsi de suite.

Dans ce contexte de changement à vitesse grand V, le sociologue, Julien Massicotte, ne serait pas surpris que l’idée identitaire d’une génération spécifique disparaisse en même temps qu’elle.

«Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de régionalisme au Nord-Ouest, mais la brayonnité a peut-être fait son temps et joué son rôle dans une période précise de notre histoire.»

«Je me trompe peut-être, mais une fois les derniers porte-étendard de la brayonnité disparus, ça va devenir une page de livre d’histoire.»

Selon le cinéaste Rodolphe Caron, qui s’est penché sur les rapports existants entre le Madawaska et l’Acadie avec son documentaire, Au pays du Madawaska, le contexte actuel ne permet plus de définir une identité régionale comme les Brayons de manière aussi simple qu’autrefois.

«Cet éclatement-là fait en sorte que l’identité change. Après tout, tu n’auras pas la même identité que tes parents et tes enfants n’auront pas la même identité que toi.»

Il avoue que son film serait bien difficile à réaliser aujourd’hui.

D’après Jacques Paul Couturier, la disparition de certains symboles est le résultat d’une série de transformations qui se sont produites au fil des ans.

À Edmundston, par exemple, l’un des plus grands symboles de la brayonnité a disparu il y a deux ans: la Foire brayonne.

La disparition d’un rite

La Foire brayonne. – Archives

La dernière présidente officielle du festival, Carole Martin, ne se compte pas d’histoires. Le festival ne renaîtra pas de ses cendres.

Selon elle, la dette, la venue de nouveaux événements comme le Festival Royal et le désenchantement des bénévoles ont signé l’arrêt de mort de cet événement qui a marqué le paysage madawaskayen pendant plus de 40 ans.

«Pour moi, c’est mort et je ne peux pas ressusciter cela toute seule.»

Pour Philippe Volpé, la fin de la Foire brayonne pose un important défi à la survie de l’identité brayonne.

Dans son article scientifique, La brayonnité, la brayonnité !?! Référence madawaskayenne en chantier, 1785-2014, il en arrive à la conclusion que la brayonnité est un concept somme toute fragile et que «la pérennité du gentilé Brayon ne semble d’ailleurs tenir qu’à la survie de la Foire Brayonne qui, tel un rite, réaffirme périodiquement l’appartenance au fait brayon.»

Selon lui, la Foire brayonne a permis de garder en vie cette construction sociale.

C’est autour de la Foire que les symboles comme le mythe des six peuples fondateurs, le drapeau de la République du Madawaska et, il y a plusieurs années, l’Ordre des chevaliers de la République ont été maintenus, et ce, même si ceux-ci représentaient plus ou moins une réalité historique.

«Sans elle, la visibilité et la puissance de signification de cette identité s’effritent de façon considérable. Après, qu’est-ce qu’il reste? Plus grand-chose.»

M. Volpé explique que la fragilité de l’identité brayonne repose aussi sur le fait que cette construction identitaire était avant tout un projet économique.

«C’est comme si le pouvoir de signification de cette identité avait échappé aux citoyennes et citoyens. Les principaux bénéficiaires, ce sont les acteurs économiques et politiques. Ce sont eux qui lui ont donné un sens. À l’époque du début de la Foire, ce n’était pas tant de s’adresser aux gens de la région qui comptait, mais à ceux de l’extérieur, aux touristes.»

«On mise ainsi sur le particularisme, afin de produire quelque chose d’original. C’est plus vendeur.»

De son côté, Julien Massicotte ne croit pas que les gens de la région d’Edmundston vont pleurer la disparition de la Foire brayonne. Avec les événements qui sont apparus au fil des dernières années, il y a encore un désir de se rassembler, mais sans avoir besoin d’un marqueur identitaire.

Le terme République, qui a été popularisé à partir des années 1940-1950, est encore utilisé aujourd’hui pour identifier le parc provincial situé dans la région du Madawaska – Acadie Nouvelle : Bobby Therrien

Le rapport à l’Acadie

Au Madawaska, il y a toujours eu, au moins depuis le dernier quart du 19e siècle, une identité particulière qui a cohabité – en se distinguant ou en se rapprochant – de l’acadianité, indique, pour sa part, Philippe Volpé. Cette identité distincte a pris différents noms au fil du temps, que ce soit Français du Madawaska, Madawaskayens, Républicains ou Brayons.

M. Volpé raconte que l’acadianité a connu des moments forts au début du 20e siècle au Madawaska, pour ensuite faire place à l’essor de la République et de la brayonnité.

Il croit toutefois que l’acadianité pourrait avoir repris une certaine place dans l’esprit de plusieurs habitants de la région.

«Je dirais qu’aujourd’hui, après des initiatives comme le Congrès mondial acadien et des événements comme l’Acadie des terres et forêts en fête qui a roulé dans la région pendant plusieurs années, un plus grand sentiment d’appartenance envers l’Acadie s’est peut-être instauré, réaffirmé. Ça reste néanmoins à vérifier. Relevons qu’il y a tout de même des manifestations de l’Acadie dans le Haut et le Bas Madawaska, ainsi que dans l’État du Maine et à Grand-Sault.»

Plusieurs s’entendent également pour dire que le cas des Brayons au Madawaska n’est pas isolé. L’Acadie, dans son ensemble, doit aussi composer avec les changements qui l’influencent.

L’un des exemples les plus récents est la transition des Caisses populaires acadiennes vers UNI Coopération financière.

Selon Philippe Volpé, l’Acadie connaît aussi des facteurs comme l’exode de son élite et l’immigration. Il se demande aussi quel est le projet politique de l’Acadie aujourd’hui.

«De mon point de vue, avec la mondialisation et l’immigration, ça change la donne. Il y a lieu de se demander à quoi rêvent les petites collectivités et sociétés.»

La murale Pix Arcadie, conçue lors du CMA 2014, a été installée en permanence à l’extérieur du Pavillon sportif d’Edmundston. – Acadie Nouvelle: Gilles Duval

Selon Julien Massicotte, les jeunes sont sensibilisés à l’identité acadienne, mais il avoue que cela ne fera pas nécessairement d’eux des nationalistes.

De plus, il doute que les gens se sentent toujours autant interpellés par des symboles acadiens comme Grand-Pré, l’Ave Maris Stella, le Grand Dérangement, etc.

«Pour avoir étudié cette société-là depuis des années, je suis loin d’être convaincu que c’est un discours qui porte toujours autant pour la jeune génération.»À la Société nationale de l’Acadie, on n’est pas surpris de ce questionnement sur les identités acadiennes.

Selon son président, Martin Théberge, la position de la SNA est qu’elle reconnaît que tout ce qui est identitaire est très individuel dans le contexte mondial.

«L’identité est devenue un enjeu personnel et on accepte ça. On accepte que l’identité acadienne se définisse de différentes manières. La façon que l’on prend pour l’expliquer est celle du destin choisi. Le peuple acadien choisit un avenir et choisit de se rassembler pour prendre sa place dans la société d’aujourd’hui. Ce destin doit être ancré dans des valeurs et une histoire qui a défini ces valeurs.»

Bref, selon M. Théberge, quiconque souhaite participer à l’avancement du peuple acadien a le droit de s’identifier en tant qu’Acadien.

Le président de la SNA ne souhaite d’ailleurs pas parler de la disparition ou de l’atténuation de certains symboles comme d’un aspect négatif, car, selon lui, ce serait enlever de l’équation tout ce qui s’est ajouté à l’identité et à la culture acadienne.

«Les identités régionales existent, mais il y a des choses qui s’ajoutent. Je pense que les régionalistes existent encore et même qu’il y en a de plus en plus. Mais il faut les regarder à plus petite échelle.»

«Si on revient à une définition plus historique d’un Acadien, c’est une quarantaine de noms de famille, ils sont tous blancs, catholiques, hétérosexuels. L’Acadie d’aujourd’hui n’est pas nécessairement cela. (Le changement) C’est naturel et normal.»

Les référents propres à l’histoire du Madawaska (Petit-Sault et le porc-épic dans ce cas-ci) sont toujours utilisés par des entrerises et organismes de la région – Acadie Nouvelle: Bobby Therrien

Les régionalismes acadiens vus par les nouveaux arrivants 

Comme dans le reste du Canada Atlantique, le Nouveau-Brunswick a connu une augmentation de son nombre d’immigrants de 2016 à 2021 (+72%).

Ils ne sont évidemment pas tous venus dans les régions francophones de la province, mais on assiste tout de même à un afflux plus important que par le passé.

Combiné à l’exode de certaines personnes en région, l’arrivée de nouveaux arrivants forge une nouvelle réalité ethnoculturelle au Madawaska comme ailleurs en Acadie, estime Philippe Volpé.

«Tout ça peut venir brouiller les cartes et modifier les référents du passé, mais je ne sais pas quelle forme ça peut prendre.»

De son côté, l’écrivain Jean-Yves Francoeur s’est penché sur l’impact du multiculturalisme sur la culture acadienne du Nord-Ouest dans son ouvrage L’interculturel tuera-t-il ma culture?

Après avoir étudié ce qui existait ailleurs et réalisé une douzaine d’entrevues avec de nouveaux arrivants du Nord-Ouest, M. Francoeur a cherché à savoir s’ils allaient influencer la façon dont les gens vivent leur culture dans la région.

Il est d’avis que l’Acadie et ses particularités régionales seront modifiées à tout jamais par ce phénomène.

Selon lui, certains immigrants n’auront qu’une perception superficielle de ce qu’est un Acadien, alors que d’autres hésiteront à se lancer complètement dans une nouvelle culture de peur de perdre leur identité d’origine.

«Je peux donner l’exemple de ma conjointe qui est Colombienne. Elle me parle français, mais elle n’est pas Brayonne ni Acadienne et elle ne le deviendra jamais. Elle reste profondément Colombienne.»

Cela ne signifie pas pour autant que de nouveaux arrivants ne tenteront pas de s’adapter en adoptant certains éléments de la culture et de l’identité locale.

«Je connais une nouvelle arrivante qui s’implique un peu partout et qui a commencé à faire des ployes. C’est un exemple parmi tant d’autres de façon que ces gens ont de s’intégrer.»

Comme le point commun de cette palette de communautés repose en premier lieu sur la langue, M. Francoeur affirme que les nouveaux arrivants vont surtout adopter des aspects linguistiques locaux.

«Même s’ils sont francophones, ils vont tenter, jusqu’à un certain point, de s’adapter au langage local pour se faire comprendre.»

Jean-Yves Francoeur croit que cette curiosité et ce désir d’intégrer des éléments régionaux chez certains immigrants peuvent contribuer au dynamisme de la culture locale.

Cependant, il croit que, pour la plupart, le terme Brayon n’a pas de signification particulière, alors que d’autres vont le voir comme un terme réservé à la Foire brayonne, soit une activité annuelle et non pas comme une culture qui a une histoire concrète.

«Ils réalisent vite que c’est très local. Les nouveaux arrivants voient beaucoup plus de sérieux dans la culture acadienne qui repose sur une histoire plus concrète.»

Du côté du Centre de ressources pour nouveaux arrivants du Nord-Ouest, son directeur général, Normand Bourdeau, explique que les intervenants mettent davantage l’accent sur des éléments comme les activités en plein air et le sentiment de sécurité pour promouvoir la région.

Il reconnaît toutefois que les nouveaux arrivants développent un certain intérêt pour l’histoire réelle de la région, plus que les symboles identitaires.

Mais, selon lui, la plupart des nouveaux arrivants n’habitent pas la région depuis assez longtemps pour en arriver à la conclusion qu’ils ont vraiment intégré des éléments régionaux à leur culture et qu’ils ont été en mesure de partager des éléments de leur culture.

Continuer d’exister

L’entreprise qui produit la farine de sarasin servant à faire la fameuse ploye emploie toujours le gentilé Brayon (dans ce cas-ci Brayonne) – Acadie Nouvelle : Bobby Therrien

Que certains symboles perdent de leur impact social ou qu’ils disparaissent complètement, un fait demeure pour les personnes interrogées: le Madawaska, comme les autres régions acadiennes, ne perdra jamais complètement l’éventail des caractéristiques qui lui sont propres.

Au Madawaska, on s’entend pour dire que des éléments linguistiques comme l’accent, certaines expressions, ainsi que d’autres marqueurs comme la ploye – la fameuse galette de sarrasin – continueront d’exister.

«Il va toujours y avoir un élément de distinction. On n’efface pas notre histoire. Maintenant, il reste à savoir comment on va s’en servir pour se définir dans l’avenir», mentionne Jacques Paul Couturier.

Du côté culturel, cette particularité régionale pourrait aussi survivre à l’aide de ses artistes. Nous n’avons qu’à penser au succès que connaît Lisa Leblanc, les Hay Babies, Radio-Radio et, plus près du Madawaska, La Patente qui, grâce à leur style, continuent de propager cette saveur locale.

Alexandre Dionne, un artiste bien connu au Madawaska, avoue qu’il peut être avantageux de revenir à ses racines. Il compte lancer un EP de six chansons qui auront une saveur beaucoup plus brayonne que ce qu’il a réalisé auparavant.

«Tout le monde que je connais me dit que je chante trop en français standard et pas assez Brayon. Même des gérants d’artistes m’ont dit ça.»

L’objectif d’Alexandre Dionne en utilisant un français plus standard était de se faire comprendre par le plus grand nombre de gens possible. Il s’est rendu à l’évidence que la tendance ne penche pas nécessairement vers cette avenue.

«Aux yeux de l’industrie, comme je chante plus standard et moins avec mon accent brayon, je vais avoir plus de difficulté à percer en Acadie. Peut-être plus au Québec.»

À l’échelle communautaire, la page Facebook «Brayon donc!» a vu le jour il y a environ deux ans. Le groupe compte aujourd’hui plus de 17 400 membres.

Au-delà des blagues à saveur brayonne, l’objectif est d’offrir un espace de socialisation pour les gens de la région qui s’identifient à leurs racines. La page a aussi un volet plus communautaire qui traite notamment des gens et des événements de la région du Nord-Ouest.

Dans cette optique, Richard Plourde, fils du regretté Don Plourde (celui que les gens ont surnommé le père de la Foire brayonne) croit que l’identité brayonne est encore très vivante dans la région.

«Avec la popularité de groupes comme « Brayon Donc! » sur Facebook et de certaines personnes qui organisent la journée de la fierté brayonne, je crois que la jeunesse a repris le flambeau et que l’identité brayonne est aussi vivante que jamais.»

Par contre, selon Julien Massicotte, il existe une grande différence entre le fait de visiter un site Facebook et organiser quelque chose comme le retour de la Foire brayonne.

«La page Facebook peut être un bon baromètre pour savoir où en est rendue l’identité brayonne. Mais c’est autre chose d’aller solliciter et convaincre des gens de passer un an à organiser un événement.»

«Ça ramène un peu aux rencontres sporadiques avec de vieux amis d’école alors que tout le monde se met à se rappeler les bons vieux souvenirs. Ça dure un temps, mais la vie continue.»

Philippe Volpé croit que l’un des éléments porteurs de cette identité, soit le fait d’aimer le Madawaska, est une valeur ajoutée sur laquelle il faudra continuer de miser, mais en lui donnant un nouveau sens.

«Un sentiment d’appartenance singulier au Madawaska pourrait toujours rester. C’est aux jeunes et à la population actuelle de forger quelque chose de nouveau et de lui donner un sens.»

Un événement comme le Festival Royal pourrait, selon lui, être porteur de cette nouvelle façon de voir la brayonnité au Madawaska.

«De ce que j’ai lu, à l’origine, on semblait vouloir demeurer à l’écart des questions identitaires. On disait que l’on voulait un événement rassembleur. Mais si on y intègre ces référents, on fera peut-être perdurer cette identité dans le temps. Ça n’aura peut-être plus de lien avec des symboles comme celui des six peuples fondateurs, mais elle pourrait perdurer.»

Quoi qu’il en soit, l’identité brayonne ne disparaîtra pas du jour au lendemain. La région demeure parsemée de références du passé. Nous n’avons qu’à penser au parc provincial de la République, à la farine de sarrasin, La Brayonne, à l’utilisation du terme Petit-Sault (Brasseurs du Petit-Sault) et du porc-épic pour ne nommer que ceux-ci.

«Il y a encore beaucoup trop de gens qui ont vu, vécu et grandi avec ces symboles et qui continueront de s’y référer. Ils resteront longtemps dans notre imaginaire», avance Philippe Volpé.

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