Des observateurs estiment que la pénurie de main-d’œuvre pourrait protéger les travailleurs contre des mises à pied si un ralentissement économique ou une récession survient en 2023.

Plusieurs spécialistes sont d’avis que l’augmentation des taux d’intérêt effectuée par la Banque du Canada afin de combattre l’inflation pourrait causer un ralentissement économique, voire une récession, au cours de la prochaine année.

Les entrepreneurs s’y attendent également.

D’après l’Enquête sur les perspectives des entreprises pour le 4e trimestre de 2022, publiée le 16 janvier par la Banque du Canada, «la plupart des répondants s’attendent à une récession au Canada au cours des douze prochains mois, mais la majorité d’entre eux estiment qu’elle sera modérée.»

Selon Pierre-Marcel Desjardins, professeur à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, une récession en 2023 pourrait ne pas ressembler à celles du passé.

D’abord, le contexte de pénurie de main-d’œuvre fait en sorte que de nombreuses entreprises pourraient hésiter à procéder à des mises à pied si un ralentissement économique survient.

«Il y a beaucoup d’entreprises qui ont énormément de difficulté à pourvoir certains postes, ce qui ferait en sorte qu’elles pourraient être moins rapides à mettre leurs travailleurs à la porte», analyse-t-il.

John Wishart, directeur général de la Chambre de commerce pour le Grand Moncton, explique que plusieurs PME se s’interrogent néanmoins.

«Les entreprises sont un peu prises entre l’arbre et l’écorce, illustre-t-il. Elles essayent de garder les travailleurs qu’elles ont parce qu’ils sont très difficiles à trouver, mais si une récession frappe et que les affaires ralentissent, elles ne pourront peut-être pas se permettre de le faire.»

Moins urgent

À l’échelle nationale, l’Enquête sur les perspectives des entreprises indique que les inquiétudes sur la pénurie de travailleurs se sont quelque peu estompées. Malgré tout, le problème demeure préoccupant et au-dessus des moyennes historiques, indique la Banque du Canada.

En effet, lors du dernier trimestre de 2022, 44,5% des répondants ont indiqué que la pénurie de main-d’œuvre représentait leur préoccupation la plus pressante. La proportion était de 64,3% lors du dernier trimestre de 2021.

Puisque de nombreuses entreprises s’attendent à un ralentissement de leurs activités en raison d’une récession, la question de la main-d’œuvre est donc moins préoccupante.

John Wishart croit toutefois que ce répit sera de courte durée.

«D’ici ce printemps, on pourrait voir une situation où des entreprises ralentissent à cause de la haute inflation ou une récession, ce qui fera en sorte que certaines n’auront pas besoin autant d’employés. Après ça, les spécialistes prédisent un rebondissement. Ce sera la saison touristique et les mêmes défis de recrutement vont se poser. À long terme, la pénurie de main-d’œuvre va continuer à causer des maux de tête», prédit-il.

Au Nouveau-Brunswick, par exemple, les postes à combler demeurent nombreux. D’après Statistique Canada, il y avait 16 430 postes vacants dans la province lors du 3e trimestre de 2022.

De plus, le taux de chômage demeure très bas. En octobre 2022, le taux de chômage au Nouveau-Brunswick était de 6,2%. À la même période un an plus tôt, le taux était de 8,1%.

Le contexte économique fait aussi dire à Pierre-Marcel Desjardins que le défi de la main-d’œuvre sera là encore un bon moment.

«La récession risque d’être moins importante que ce qui était prévu en 2022. Mais il faut réaliser que la pénurie de main-d’œuvre est une tendance lourde qui ne va pas disparaître, explique M. Desjardins. Même si on a une période où il pourrait y avoir une hausse du taux de chômage à cause d’une récession, qui sera à mon avis très courte, le défi au cours des prochaines années ne sera pas la création d’emplois, mais de trouver des travailleurs afin de pourvoir les postes.»

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