Ce qui devait être 250 millions $ à trouver comme économie dans le budget du gouvernement du Nouveau-Brunswick était devenu il y a quelques jours 400 millions $ et hier, le ministre Victor Boudreau, responsable du dossier de l’examen stratégique, a avancé le chiffre de 600 millions $, soit 7 % du budget des dépenses annuelles du gouvernement. Il ne faut donc pas s’étonner que dans divers milieux de la société de la province l’inquiétude grandit.

Il y a quatre ans, le gouvernement Alward avait décidé d’imposer une compression des dépenses de 2 %, ce qui représentait une cible de plus ou moins 350 millions $. Nous nous étions inquiétés de l’effet de ces compressions tant en matière des soins de santé que dans le secteur de l’éducation.

On l’a vu cette semaine, des communautés s’inquiètent déjà de perdre leur école. C’est le cas de Pointe-Verte, qui l’a ouvertement manifesté, d’autres le feront aussi, sûrement. Il faut reconnaître toutefois que dans plusieurs communautés rurales, la population des élèves a décliné à un niveau insoutenable. Quand il ne reste que quelques dizaines d’élèves dans une école qui peut en accueillir quelques centaines, il faut se rendre à l’évidence, des changements s’imposent.

L’hypothèse de privatisation du transport scolaire soulève aussi des inquiétudes. Bien sûr, d’autres provinces ont opté pour cette solution de rechange au système actuellement en cours. Comme la privatisation des régies d’alcool, la privatisation du transport scolaire ne présente pas que des avantages. S’y précipiter serait mal avisé.

La perte potentielle des hôpitaux mobilise cependant déjà plus de gens. Grand-Sault, Bouctouche (pour l’hôpital de Sainte-Anne) et Lamèque sont déjà en mode de défense, comme à Caraquet où la porte-parole du groupe Action H, Louise Blanchard, faisait remarquer que chez les francophones nous sommes en mode de rattrapage. Est-ce déjà la fin du rattrapage?

Nous concédons à la démarche engagée par le gouvernement Gallant deux aspects qui la distinguent de celle du gouvernement précédent. Plutôt que des compressions générales dans tous les secteurs de façon uniforme, l’examen stratégique pourrait offrir la possibilité de maintenir des services jugés essentiels par les contribuables et leurs représentants. Deuxièmement, les intervenants auront l’occasion de se prononcer, de suggérer et d’exhorter le gouvernement à maintenir ces services essentiels, quitte à retarder l’atteinte de l’équilibre budgétaire. Il restera à voir quel poids auront ces consultations auprès de la population dans les décisions qu’arrêtera le gouvernement.

S’agissant des séances de consultation, il serait important que le gouvernement fasse preuve de transparence en fournissant l’information pertinente et détaillée sur laquelle le ministre Boudreau arrive à la somme de 600 millions $ à économiser. Ce serait faire preuve de transparence souhaitable en indiquant aux contribuables et aux intervenants des divers secteurs de notre société quelles pistes le gouvernement poursuit pour atteindre son objectif. Des audiences de consultation qui se limiteraient à poser la question générale «Où croyez-vous que le gouvernement puisse faire les économies?» inviteraient des propositions tous azimuts dont le compte-rendu pourrait difficilement non seulement constituer, mais ébaucher les principaux éléments d’un plan stratégique. Par contre, en fournissant les données pertinentes, en indiquant les premières pistes de solutions et leurs motifs considérés par le gouvernement, on engage un dialogue intelligent et respectueux avec les contribuables. Si le gouvernement ne dispose pas actuellement des données pertinentes à l’exercice de consultation, mieux vaudrait les retarder jusqu’au moment où ces informations seront colligées et rendues intelligibles.

Dans ces déclarations d’hier, le ministre Victor Boudreau déclarait que le Parti libéral avait été élu pour ramener l’équilibre budgétaire. Soyons clairs. Le gouvernement Gallant a été élu en laissant l’impression aux électeurs que son programme, Le Nouveau-Brunswick en marche, créerait 10 000 emplois durant son premier mandat, dont 5000 la première année. Si la compression de 600 millions $ devient LA priorité, les électeurs auront l’impression d’avoir été floués.

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