Dans ses discours, le gouvernement Gallant avait préparé les contribuables du Nouveau-Brunswick à de grands changements, mais les actions qu’il compte entreprendre tombent à court du discours qu’il a maintenu depuis des mois.

Étant donné l’importance qu’on accordait à l’état des finances publiques de la province, on se serait attendu à un coup de barre décisif, surtout sur le plan de l’augmentation des revenus qui aurait indiqué que le gouvernement était sérieux en prenant les moyens nécessaires pour diminuer le niveau du déficit annuel.

La mesure absente du budget qui a sans doute le plus ébahi les observateurs et les citoyens touche au maintien du niveau de la taxe de la vente harmonisée (TVH). Tout le monde, ou à peu près, s’attendait à ce qu’elle revienne au niveau de 2006. Deux provinces voisines, le Québec et la Nouvelle-Écosse comme le soulignait le jour du budget Richard Saillant, se sont prévalues de cette mesure pour renflouer les coffres de leur gouvernement. C’est sans doute la mesure la plus douce et la plus productive sans nuire de façon importante à l’économie de la province qu’aurait pu adopter le gouvernement Gallant. C’est aussi la mesure qui arrivait en tête de liste des suggestions soumises à l’attention du gouvernement durant les audiences qui ont porté sur l’examen stratégique des programmes.

Comme nous l’avions écrit dans l’édition de mardi, nous ne nous attendions pas à ce que le gouvernement cherche à atteindre l’équilibre budgétaire dès son premier budget. La marche est trop haute, l’objectif de 400 à 600 millions $, à dégager comme marge, trop important, les conséquences d’un changement si majeur trop abruptes. Mais personne ne s’attendait à un budget dont les résultats s’apparentent aux budgets du gouvernement Alward pourtant sévèrement critiqués par le parti actuellement au pouvoir.

En ce qui concerne les programmes jugés cruciaux par les citoyens, l’éducation, la santé et le développement social, c’est sans aucun doute l’élimination des postes d’enseignants qui a marqué les manchettes.

Si on peut comprendre que peu d’enseignants actuellement en exercice de leurs fonctions perdront leur poste parce que la majorité des postes éliminés, selon ce que le ministre Melanson a déclaré, le seront par le biais des départs à la retraite, cette compression empêchera les jeunes d’entrer en enseignement. Le gel des dépenses en éducation laisse présager que l’enveloppe budgétaire pour le réseau francophone ne comprendra pas les montants additionnels que nécessite la mise à niveau du programme francophone comme le veut la Politique d’aménagement linguistique et culturel. L’écart s’accentuera plutôt que de se rétrécir. Ce n’est pas ce que nous attendions.

Toujours en éducation, la Commission sur l’éducation postsecondaire au Nouveau-Brunswick avait noté le taux important d’endettement des étudiants de la province par rapport à l’ensemble du Canada. Le rabais de la dette étudiante excédant 20 000 $ accordé aux diplômés universitaires qui choisissaient de demeurer ici était un incitatif intéressant pour aider notre jeunesse à rembourser plus rapidement leur dette d’étude. Le budget élimine cette aide considérée précieuse par la jeunesse d’aujourd’hui, les leaders de demain. La dizaine de milliers d’étudiants et de diplômés qui ont rapidement apposé leur nom à une pétition exhortant le gouvernement à revenir sur sa décision témoigne de l’importance qu’ils accordent, avec raison, à ce rabais.

Il faudra attendre de voir comment les administrateurs des régies de santé au Nouveau-Brunswick composeront avec le gel des dépenses avant d’observer l’effet que ce gel aura sur les soins de première ligne. Mais les nouvelles attendues n’augurent rien de bon.

Sur le plan social, on laisse les ainés dans une situation angoissante en ne précisant pas à quel niveau les aînés «les mieux nantis» verront leur participation financière augmenter, tant pour les médicaments que pour leur logement. On les laisse spéculer sur le sort qui les attend, un stress qu’ils souhaiteraient bien ne pas avoir à vivre.

En fin de compte, après la session d’audiences sur l’examen stratégique des programmes, on se demande qui le gouvernement a écouté dans l’élaboration de son budget: on retrouve peu de mesures qui ont été suggérées tant durant les audiences que dans les mémoires qui lui ont été soumis. Les prochaines audiences de consultations pré-budgétaires attireront certainement moins de participation étant donné la désillusion engendrée par celles de cette année.

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