Blaine Higgs soutient ne pas souhaiter déclencher des élections et qu’il ne le fera que s’il n’a pas d’autre choix. Ses actions des dernières semaines nous disent toutefois le contraire. Le premier ministre est prêt à aller en campagne électorale. Et c’est probablement ce qu’il va faire.

Le gouvernement Higgs est minoritaire. Les trois partis de l’opposition n’ont toutefois donné aucun indice depuis le début de la pandémie qui laisserait entendre une volonté de le faire tomber. Au contraire, le chef libéral Kevin Vickers a indiqué que son parti ne provoquera pas des élections en 2020. «Je vous en donne ma parole», a-t-il écrit dans une lettre ouverte.

La balle est dans le camp du premier ministre. S’il y a des élections provinciales, ce sera parce qu’il en aura décidé ainsi.

Il est normal que les progressistes-conservateurs évaluent divers scénarios. Ce gouvernement est en place depuis 21 mois et arrive au bout de sa vie utile. Un mois avant que la pandémie ne frappe le Canada, l’Acadie Nouvelle avait avancé en éditorial qu’il était temps de déclencher des élections, à la suite de l’annonce de la fermeture de nuit de salles d’urgences d’hôpitaux régionaux.

La COVID-19 a tout changé et donné en prime un second souffle inespéré aux progressistes-conservateurs, qui trônent au sommet dans les intentions de vote.

Une campagne électorale traditionnelle serait impossible. Les rassemblements seront proscrits. Les candidats devront faire campagne en respectant la distanciation physique, sans serrer la main des électeurs ou prendre des bains de foule.

Cela dit, un scrutin pourrait quand même avoir lieu. Élections NB a pris des mesures afin de réduire les risques et de permettre aux électeurs de se prévaloir de leur droit de vote sans propager la COVID-19 ou être infectés.

Blaine Higgs a compris cela. Ses stratèges politiques aussi.

Si le premier ministre a pris la peine de partager ses réticences face à des élections cet été ou cet automne, c’est d’abord pour calmer le jeu. Les rumeurs ont été attisées par ses propres déclarations et par ses actions.

Au cours des dernières semaines, le gouvernement Higgs s’est donné comme priorité d’éteindre les feux. Plusieurs décisions ont été prises afin d’éviter de traîner des boulets pendant une campagne électorale.

Kevin Cormier était devenu une distraction en raison des allégations de favoritisme politique qui accompagnaient son embauche à titre de directeur général du Service des bibliothèques publiques du N.-B. Il a démissionné et est revenu au Bureau du Conseil exécutif qu’il n’aurait jamais dû quitter.

Le gouvernement a mis sur pied un programme de remboursement de 20% des dépenses de voyage admissibles. Il pourra ainsi se défendre des accusations d’avoir laissé tomber le secteur touristique en pleine pandémie.

Cette semaine, M. Higgs a affirmé qu’il ne proposera pas à nouveau de fermer des urgences, même s’il est élu à la tête d’un gouvernement majoritaire. «Personne dans ces communautés ne doit s’inquiéter», a-t-il insisté.

Cette promesse est cruciale, alors que les progressistes-conservateurs devront con­vaincre l’électorat qu’ils n’ont pas un plan secret d’élimination de services de santé.

Il a aussi répété à quelques reprises qu’à ses yeux, ce n’est pas démocratique de laisser les électeurs de trois circonscriptions décider du sort du gouvernement lors de partielles. Cette responsabilité, croit-il, revient à l’ensemble de l’électorat.

Le principal indice d’élections à venir est toutefois l’annonce de huit congrès à l’investiture du 8 au 12 août, y compris dans Quis­pamsis, la circonscription de Blaine Higgs.

Normalement, l’investiture d’un chef de parti a lieu pendant la campagne électorale. Il n’y a aucun suspense, et tout le monde sait qui va l’emporter. C’est surtout l’occasion de faire la preuve de l’unité du parti, de la force du leader et de la mobilisation de ses candidats et des militants.

Les formations politiques ne gaspillent jamais cette carte six mois ou une année avant les élections. L’investiture du chef, surtout quand il s’agit du premier ministre, est généralement la dernière à survenir. En 2018, l’assemblée de Quispamsis a eu lieu le 27 août, soit moins d’un mois avant le jour du vote.

Dans ce cas-ci, le scénario le plus probable est que Blaine Higgs demande à la lieutenante-gouverneure de dissoudre la législature à la mi-août, tout de suite après son investiture et celle de ses candidats de la région de Saint-Jean.

Le Nouveau-Brunswick tomberait alors en campagne électorale.

Celle-ci n’est pas inévitable. Elle aura lieu parce qu’elle aura été voulue par le premier ministre et parce qu’il pense qu’il pourra obtenir la majorité qu’il a échappée en 2018.

Son premier défi sera de convaincre l’électorat qu’il a raison d’aller aux urnes malgré la pandémie et même si les partis d’opposition sont en mode collaboration.

C’est un jeu risqué.

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