La volonté de l’Allemagne de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en énergie, en particulier pour l’hydrogène vert, fait rêver au Nouveau-Brunswick. C’est le cas à Saint-Jean et à Belledune, dont les ports sont bien positionnés pour profiter de la manne. Si nous saluons ces efforts afin de ne pas laisser passer la parade, nous croyons néanmoins que le développement de cette industrie ne doit pas se faire à n’importe quel prix.

Le chancelier (l’équivalent d’un président) allemand, Olaf Scholz, a fait un passage très remarqué au Canada cette semaine. Il s’agissait de sa première visite au Canada. Celle-ci a eu lieu sous le signe de l’énergie.

Il faut comprendre que l’Allemagne est dans une situation complexe. Elle est très dépendante du pétrole de la Russie, ce qui ne l’a pas empêché d’appuyer l’Ukraine dans sa guerre contre les troupes de Vladimir Poutine. Ce dernier menace désormais d’assécher l’oléoduc afin de laisser les Allemands geler cet hiver.

Le chancelier Scholz cherche donc de nouvelles sources d’approvisionnement. C’est dans ce contexte qu’il s’est rendu au Canada.

Il est probable qu’avant la visite de M. Scholz, vous ayez peu ou pas entendu parler de l’hydrogène. Si c’est le cas, n’hésitez pas à vous informer sur le sujet. Vous n’avez pas fini d’en entendre parler. Les enjeux sont énormes.

Pour simplifier, l’hydrogène peut être utilisé comme carburant pour les véhicules électriques. Il est présenté comme étant propre, c’est-à-dire qu’il ne produit pas de gaz à effet de serre. Le Canada est un important producteur.

En raison de leur position géographique, les provinces de l’Atlantique sont bien positionnées pour produire ou exporter cette ressource vers nos alliés européens. Des projets sont en cours de développement à Saint-Jean ainsi qu’à Belledune. À Terre-Neuve, le premier ministre Andrew Furey a accueilli Olaf Scholz et le premier ministre Justin Trudeau à Stephenville, où doit être construite une usine de production d’hydrogène et d’ammoniac.

Les trois hommes se sont aussi rendus à un salon de l’hydrogène, auquel ont participé des promoteurs de cette industrie de partout en Atlantique.

Il faut dire que le nord du Nouveau-Brunswick a tout intérêt à prendre le train de l’hydrogène. Le port de Belledune est idéalement situé pour exporter ce produit vers l’Europe. De même, les jours de la centrale thermique de Belledune sont comptés parce que trop polluante. Pourrait-elle être transformée ou remplacée par une usine à hydrogène?

Plusieurs travaillent pour y parvenir. La partie n’est pas gagnée d’avance. Le fait qu’une partie de la production d’Énergie NB provienne de la centrale de Pointe Lepreau pourrait rebuter l’Allemagne, qui cherche à sortir du nucléaire.

Ce sont des initiatives avec un potentiel important de retombées économiques. Elles ne doivent toutefois pas se faire à tout prix ni de n’importe quelle manière.

Déjà, des journaux de la chaîne nationale de droite Postmedia affirment qu’en raison de nos réglementations environnementales, le Canada est en train d’abandonner ses alliés de même que ses responsabilités à l’endroit des autres démocraties.

Ces débats ont lieu un peu partout. Dans sa chronique hebdomadaire publiée vendredi dans l’Acadie Nouvelle, Françoise Enguehard déplorait ce qu’elle qualifie de tordage de bras. Les citoyens sont invités à ne pas poser de questions et à ne pas exiger de garanties environnementales. Sinon, l’Europe ira s’approvisionner ailleurs. Ne soyez d’ailleurs pas surpris si les personnes qui osent poser trop de questions finissent par être dénoncés comme étant des pro-Poutine.

Cela dit, l’histoire démontre que même en pesant sur l’accélérateur, les politiciens ne pourront pas faire avaler n’importe quoi à n’importe qui.

Nous l’avons vécu à Belledune au début des années 2000 avec la tentative de Bennett Environmental de construire un incinérateur de sols contaminés. L’usine était présentée comme étant bonne pour l’environnement. La résistance acharnée de la population et des environnementalistes a néanmoins contribué à faire échouer cette initiative.

Plus récemment, le projet d’oléoduc Énergie Est a échoué en raison de préoccupations environnementales, en particulier la crainte de le voir contaminer les sources d’eau potable.

Il n’est pas dit que les projets de production et d’exportation d’hydrogène subiront le même sort. Chaque dossier est différent et mérite d’être évalué selon ses mérites. Ne prenons toutefois pas de raccourcis. Notre qualité de vie mérite mieux que cela.

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