Le gouvernement Higgs a toujours été réticent à utiliser ses mégasurplus budgétaires afin de donner un peu de répit aux citoyens. Par contre, quand vient l’heure de réduire le fardeau fiscal des Néo-Brunswi­ckois les mieux nantis, il répond présent. C’est un choix légitime, mais qui n’est pas le bon.

Le plus récent discours du trône progressiste-conservateur, dévoilé la semaine dernière, n’était pas loin d’être une coquille vide, tant il était muet sur les intentions du gouvernement.

Ça ne signifie toutefois pas qu’il entend se tourner les pouces. Assis sur des surplus qui atteignent déjà 135 millions $ au 1er trimestre de l’année financière 2022-2023, il peut se permettre de financer ses priorités. Celles-ci sont désormais plus claires, même s’il n’y a jamais vraiment eu de doutes à leur propos.

Blaine Higgs souhaite vous voir payer moins d’impôts. Plus votre revenu annuel est élevé et plus vous possédez de propriétés, plus grande sera votre récompense.

Le premier ministre ne s’en cache même pas. Il affirme que les hauts salariés sont ceux qui «paient les factures» au Nouveau-Brunswick. Selon lui, il faut donc diminuer leurs impôts afin de les convaincre de choisir notre province pour y vivre et investir.

La décision la plus draconienne est l’élimination, au point de vue de l’impôt provincial, de la tranche de revenus qui regroupe les gens gagnant de 145 955$ à 166 280$. Ils étaient imposés à 17,84% de leurs revenus. Ils le seront maintenant à 16%.

Les plus riches ne seront pas en peine. Leurs comptables se réjouiront d’apprendre qu’ils pourront permettre à leurs clients de conserver encore plus d’argent dans leurs poches.

En prime, Fredericton réduit encore plus rapidement que prévu l’impôt foncier des biens résidentiels non occupés par leur propriétaire. Vous possédez une résidence secondaire ou un chalet luxueux sur le bord de la mer? Vous possédez une propriété que vous louez l’été à fort prix sur Airbnb? Le gouvernement estime urgent de vous accorder au nom de tous les contribuables un généreux cadeau fiscal.

Notons tout de même qu’une réduction de l’impôt foncier provincial est prévue pour toutes les propriétés non résidentielles, quoique bien moins généreuse (15% contre 50%).

Le gouvernement Higgs est dans son droit de privilégier la réduction du fardeau fiscal des Néo-Brunswickois les mieux nantis et les plus riches.

Dans notre province comme ailleurs, l’offre politique est diversifiée. C’est une bonne chose. Ce ne sont pas tous les Néo-Brunswickois qui rêvent de recevoir un chèque du gouvernement ou qui espèrent des investissements publics pour renforcer nos programmes sociaux. Plusieurs souhaitent voir le gouvernement payer la dette et remettre plus d’argent dans leurs poches.

Le gouvernement Higgs n’est ni libéral ni vert. Il s’est fait élire en 2018 puis a été réélu avec une majorité en 2020 en s’engageant à dépenser moins, à accélérer le remboursement de la dette publique et à éliminer graduellement ce qu’il surnomme la «double taxation» des résidences secondaires. Il tient promesse.

Nous croyons néanmoins que le gouvernement Higgs fait fausse route. Nous l’avons déjà écrit en éditorial et nous le répétons: le Nouveau-Brunswick fait face à trois grandes crises, c’est-à-dire l’explosion du coût de la vie, la pénurie de main-d’œuvre en santé et la crise du logement. Or, réduire les impôts, surtout de cette manière, fera bien peu pour juguler celles-ci.

Pire, cette administration est particulièrement généreuse à l’endroit de ceux et celles qui sont le moins touchés par les trois crises, c’est-à-dire les personnes ayant les revenus les plus élevés.

Bref, le premier ministre hésite à aider davantage les gens qui en ont le plus besoin. L’idée de financer une stratégie de recrutement et de rétention dans le système de santé ou de prolonger le plafonnement sur les hausses de loyer semble lui répugner au plus haut point.

Par contre, diminuer la facture foncière des citoyens qui possèdent une résidence secondaire ou un chalet est à ses yeux si pressant que la réduction annoncée lors du budget de mars sera complétée en 2023, soit une année plus tôt que prévu.

C’est un non-sens.

Les gouvernements ne disposent pas de moyens illimités. Ils doivent faire des choix. Encore faut-il faire les bons et mettre ses priorités à la bonne place.

Le premier ministre Higgs a encore une fois échoué à ce test. Un véritable abandon de responsabilité à l’endroit de ceux et celles qui peinent à joindre les deux bouts.

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