L’offre sur le financement de la santé présentée aux provinces par le gouvernement Trudeau n’est pas aussi généreuse qu’espérée. Pour le Nouveau-Brunswick, il s’agit toutefois d’une proposition qui a le potentiel d’améliorer notre système de santé.

Le premier ministre Justin Trudeau a réuni la semaine dernière autour d’une même table les premiers ministres des provinces. Nous nous attendions à une négociation qui aurait permis de conclure une entente satisfaisante pour tous. Nous avons plutôt eu droit au dépôt de ce qui a toutes les allures d’une offre finale.

Cela s’explique du fait que le gouvernement fédéral a compris qu’il ne pourra jamais satisfaire les demandes des provinces. Il aurait offert dix fois plus d’argent que celles-ci auraient quand même partagé leur frustration.

En résumé, Ottawa prévoit bonifier son financement de la santé de l’ordre de 46,2 milliards $ sur 10 ans. Pour le Nouveau-Brunswick, cela représente autour de 200 millions $ supplémentaires annuellement. Les gouvernements provinciaux rêvaient de plus. Ils réclamaient notamment une hausse des transferts de 28 milliards $… dans la prochaine année. Ils se contenteront de pas mal moins.

La nouvelle enveloppe budgétaire ne changera pas la donne dans le réseau de la santé. Les chèques d’Ottawa ne ramèneront pas le service d’obstétrique et de pédiatrie à Campbellton, ne désengorgeront pas les urgences à Moncton, ne réduiront pas les temps d’attentes en chirurgie et ne permettront pas à un plus grand nombre de Néo-Brunswickois d’avoir accès à un médecin de famille.

Néanmoins, tout n’est pas sombre, en particulier pour les provinces rurales comme le N.-B.

Une part importante des 46 milliards $ promis par le gouvernement Trudeau seront transférés aux provinces sous la forme d’ententes bilatérales. Ces fonds ne serviront pas au financement général du système, mais plutôt à s’attaquer à des enjeux précis, y compris des domaines qui sont criminellement sous-financés au Nouveau-Brunswick, comme les soins en santé mentale.

Nous aurions aimé voir des conditions plus fermes afin de s’assurer que le gouvernement Higgs dépense bien l’argent fédéral dans le système de santé au lieu de bonifier ses paiements sur la dette provinciale. Nous croyons toutefois que la signature de ces futures ententes bilatérales contribuera à réduire le risque que ce scénario se produise.

Surtout, le fédéral ne distribuera pas cette partie de l’enveloppe (environ 25 milliards $) en se basant uniquement sur la croissance démographique des provinces, comme il le fait traditionnellement. Il tiendra compte aussi du vieillissement de la population et de leur caractère rural.

Cela signifie que le Nouveau-Brunswick, dont la population vieillit plus rapidement que partout ailleurs au pays à l’exception de Terre-Neuve, et qui compte une vingtaine d’hôpitaux sur un territoire à peine plus populeux que la ville de Québec, aura droit à une part du gâteau plus importante que ce que notre province aurait normalement eu droit par le passé.

C’est un gain important et inespéré.

Il s’agit d’une requête de longue date du Nouveau-Brunswick. Lors de la dernière ronde de négociations du financement de la santé, le premier ministre libéral Brian Gallant avait fait de cet enjeu son cheval de bataille. Il réclamait que le fédéral reconnaisse les défis particuliers qui accompagnent le vieillissement accéléré de la population dans notre province. En vain. Ottawa avait alors préféré récompenser les provinces comme l’Alberta qui voient leur croissance démographique s’accélérer.

Quand il n’est pas occupé à faire le pitre sur scène à la suite de son Discours sur l’état de la province, le premier ministre Blaine Higgs peut parfois faire preuve de réalisme. C’est le cas en ce qui a trait au financement de la santé.

Il a confié qu’il ne croyait pas utile de déposer une contre-offre, Justin Trudeau n’ayant laissé aucun indice qui laisserait croire qu’il bonifiera l’ampleur de ses chèques aux provinces.

Il faut dire aussi que M. Higgs a souvent répété au cours des dernières années que l’argent ne suffira pas à régler les maux qui affligent le système de santé. Son gouvernement a dégagé l’année dernière un surplus budgétaire de 777 millions $. L’excédent pourrait dépasser le milliard à la suite de l’année financière en cours. Dans les circonstances, on verrait mal cette administration crier famine et se plaindre que le fédéral sous-finance le système de santé.

Le mieux est de dépenser ces nouveaux fonds de la façon la plus judicieuse possible afin d’améliorer la qualité de soins de santé dans toutes les régions du N.-B., et non seulement dans la bulle Fredericton-Saint-Jean si chère au gouvernement Higgs.

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