La tempête linguistique dans laquelle la ville de Belle-Baie a été plongée malgré elle rappelle qu’il y a un prix à payer au Nouveau-Brunswick pour s’afficher en français. C’est une raison de plus pour se tenir debout.

Belle-Baie est un produit de la réforme municipale imposée par le ministre Daniel Allain. Elle regroupe les villes et villages qui étaient connus sous les initiales BNPP, c’est-à-dire Beresford, Nigadoo, Petit-Rocher et Pointe-Verte, de même que quelques districts de services locaux. Elle compte environ 14 000 citoyens; 92% d’entre eux sont francophones.

Tout naturellement, les communications de la municipalité se font en français sur la page Facebook. C’était trop pour une certaine frange de la population qui a non seulement exigé des communications en anglais, mais qui l’a fait en tenant des propos haineux.

Belle-Baie a l’avantage d’être dirigée par un maire et un directeur général qui ont vu neiger. Daniel Guitard a été maire de Pointe-Verte et député à l’Assemblée législative. Paolo Fongémie a été maire de Bathurst. Les deux hommes n’en sont pas à une première crise.

C’est ainsi que Belle-Baie a mis sagement le couvercle sur la controverse, d’abord en désactivant la section «Commentaires» de sa page Facebook, puis en fermant carrément celle-ci à la suite de menaces.

C’était la chose à faire. Belle-Baie n’a pas à devenir un symbole ni à gérer les francophobes de la province qui n’ont rien de mieux à faire dans leur vie que de crier au «racisme linguistique» et de pourrir le débat. Les élus se donnent ainsi du temps pour réviser leurs politiques et déterminer ce qui est le mieux pour leur population.

Il est important de rappeler que le caractère francophone de Belle-Baie n’est pas le fruit du hasard. Au moment de mettre en place sa réforme municipale, le ministre Allain aurait très bien pu fusionner les municipalités de la BNPP avec Bathurst ou Belledune. S’il ne l’a pas fait, c’est parce qu’il a compris l’importance de préserver pour les Acadiens de la région un espace municipal francophone.

Par ailleurs, les dirigeants de la nouvelle municipalité étaient conscients de la situation délicate dans laquelle ils évoluent et de l’importance du français ainsi que de la fierté acadienne dans leur communauté, et ce, bien avant que n’éclate la crise linguistique à laquelle ils sont désormais confrontés.

Alors que Petit-Rocher, Nigadoo et Pointe-Verte ont toujours communiqué en français avec leurs citoyens, Beresford, qui compte un plus grand nombre d’anglophones, le faisait plutôt dans les deux langues officielles.

Le comité de transition mis en place avant les élections s’était ainsi retrouvé devant un dilemme au moment d’envoyer par la poste une première lettre aux citoyens.

Les membres du comité de transition ont dû trancher. Ils n’ont pas voulu que le premier impact visible de la fusion soit que des Acadiens, habitués que l’on communique avec eux en français, reçoivent désormais les nouvelles de leur municipalité dans les deux langues.

Le premier envoi s’est donc fait uniquement en français, avec une note soulignant que la version anglaise est sur le site web de la ville. Un compromis astucieux et intelligent.

Notons aussi que si les communications via Facebook se faisaient en français (jusqu’à la fermeture de la page), les services municipaux, eux, sont offerts dans les deux langues. On attend encore un premier témoignage d’un anglophone à qui on aurait refusé de parler anglais à l’édifice municipal. En ce sens, Belle-Baie ne diffère pas des autres municipalités francophones de la province.

La Loi sur les langues officielles du N.-B. est claire. Seules les huit cités et les municipalités ayant une population de langue officielle minoritaire atteignant au moins 20% de la population totale doivent fournir des services en français et en anglais.

Si vous voulez vous battre pour que les communications de Belle-Baie se fassent dorénavant dans les deux langues, soit. Mais exigez la même chose de Belledune, Sussex, Riverview ainsi que toutes les autres municipalités majoritairement anglophones.

Cette controverse est le fruit du privilège anglo-saxon et d’une parole antifrancophone qui s’est décomplexée depuis l’arrivée de Blaine Higgs au pouvoir à Fredericton.

Belle-Baie est une communauté acadienne. Elle n’a pas à avoir honte ou à s’excuser de sa volonté d’exister en français.

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