Blaine Higgs a connu une dernière semaine difficile, lui qui a dû se résoudre à adopter le plan de tarification du carbone du gouvernement fédéral et à annuler l’abolition du programme d’immersion française qu’il avait décrétée. Il s’agit d’enjeux sur lesquels il avait été inflexible jusqu’à tout récemment. Ces deux reculs mettent en lumière le fait que des idées préconçues ont obscurci le jugement du premier ministre au détriment du bien-être de la population.

La colère des parents et la chute des appuis au Parti progressiste-conservateur dans les intentions de vote ont ramené Blaine Higgs à la raison. Le premier ministre rêvait de conclure sa carrière politique en éliminant le programme d’immersion française dans les écoles anglophones sans même offrir une solution de rechange responsable. Il a frappé un mur.

L’insatisfaction de la population à l’endroit du gouvernement explique aussi la soudaine volonté de M. Higgs d’adopter le modèle fédéral de tarification du carbone et d’abandonner celui qu’il avait mis en place après son arrivée au pouvoir.

Cela aurait dû être fait il y a des années. L’orgueil du chef a retardé sa décision.

La tarification du carbone a été imposée par le gouvernement libéral de Justin Trudeau. Elle vise à imposer un coût à la pollution et a pour effet d’augmenter le prix de l’essence. Ottawa redistribue ensuite l’argent aux citoyens sous forme de remboursements.

Ce programme a été mis en place quand le Nouveau-Brunswick était dirigé par les libéraux de Brian Gallant. Blaine Higgs, qui était alors le chef de l’opposition, a fait campagne lors des élections provinciales de 2018 contre ce qu’il qualifiait, de façon enfantine, de taxe Gallant-Trudeau et de taxe tueuse d’emplois.

En 2020, le gouvernement Higgs a remplacé le programme fédéral par un régime provincial. Il s’accapare depuis les revenus de la tarification du carbone.

Le problème est que Fredericton manque d’imagination. Il laisse une bonne partie de l’argent s’accumuler dans le fonds vert, fait la fine bouche sur de nombreux projets proposés dans les communautés et donne l’impression d’investir à contrecoeur.

Ses initiatives font souvent chou blanc ou sont lancées de façon précipitée et maladroite, comme ce fut le cas avec le programme des thermopompes gratuites.

Entretemps, l’explosion du coût de la vie a heurté les Néo-Brunswickois de plein fouet. Fidèle à son habitude, Blaine Higgs a d’abord blâmé le premier ministre Justin Trudeau et exigé qu’il annule sa taxe sur le carbone. En vain.

Il a aussi refusé d’imiter d’autres provinces en signant des chèques à la classe moyenne, en disant que cela risquerait d’augmenter encore plus l’inflation.

Dès août 2022, l’Acadie Nouvelle proposait en éditorial que le gouvernement Higgs abandonne son plan provincial et adopte plutôt celui du fédéral. Six mois plus tard, le premier ministre a vu la lumière et marche enfin sur son orgueil.

Il avoue le faire sans grand enthousiasme et uniquement parce que les provinces voisines de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard ont adopté ce plan.

Les Néo-Brunswickois ont cessé de recevoir des chèques d’Ottawa à compter de 2020, quand Fredericton a pris le contrôle des revenus de la taxe. Les citoyens ont donc été privés de quelques milliers de dollars au cours des dernières années, pendant que l’inflation faisait des ravages, en raison du mauvais sens des priorités du chef et de son égo.

Comment expliquer ce changement de cap? Cela n’a rien à voir avec une quelconque jalousie des électeurs.

D’abord, il faut comprendre que même si Blaine Higgs prétend ne pas avoir peur des décisions difficiles, il lui arrive assez souvent de reculer devant la pression populaire. Ce fut notamment le cas pour les exigences linguistiques d’Ambulance NB, la fermeture des urgences la nuit dans les hôpitaux régionaux et bien sûr l’abolition du programme d’immersion française.

Le premier ministre Higgs avait largué en 2020 le programme fédéral de remboursement de la taxe sur le carbone, non pas dans une volonté de mieux combattre les changements climatiques, mais pour des raisons partisanes.

Il aura fallu des années, mais M. Higgs est finalement revenu à la raison. Les Néo-Brunswickois admissibles recevront une somme qui pourrait approcher les 1000$ annuellement.

Ce coup de pouce sera utile pour de nombreuses familles étranglées par la hausse du coût de la vie et la crise du logement.

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