La pression grandit sur le gouvernement fédéral pour qu’il trouve une façon de soulager le Québec de l’afflux de réfugiés qui entrent au Canada de façon irrégulière par le désormais célèbre chemin Roxham. Le Nouveau-Brunswick peut et doit jouer un rôle dans l’accueil de ces personnes.

De route rurale peu fréquentée, le chemin Roxham est devenu un important lieu de passage pour des milliers de migrants à la recherche d’une vie meilleure au Canada. Ceux-ci profitent d’une faille qui empêche le Canada de simplement les refouler aux États-Unis s’ils ont traversé la frontière ailleurs que par un poste frontière.

Le mot a fini par se passer. Il y a cinq ans, quelque 19 000 migrants empruntaient ce passage chaque année. Leur nombre a diminué en 2020 et 2021 en raison de la pandémie, avant d’exploser à presque 40 000 l’année dernière. Plus de 50 000 sont attendus cette année. L’État de New York ne se gêne plus pour y transporter en autobus les migrants afin qu’ils deviennent le problème du Canada.

L’enjeu s’est politisé à mesure que des voix se sont élevées contre cette situation. Le gouvernement du Québec estime avoir fait largement sa part et exige qu’un plus grand nombre de ces personnes soient transférées dans d’autres provinces.

Plusieurs finiront par se retrouver au Nouveau-Brunswick. Nous devons nous y préparer.

Le premier ministre Blaine Higgs a historiquement des relations complexes et souvent difficiles avec les minorités.

Dans les années 1980, il avait remis en question la loyauté des Canadiens d’origine japonaise parce que ceux-ci réclamaient une compensation après avoir vu leurs biens être saisis pendant la Seconde Guerre mondiale. En 2021, il avait été traité de raciste après avoir propagé des préjugés à propos des Autoch­tones, en soutenant qu’ils sont «super-riches».

Au plus fort de la pandémie, le gouvernement Higgs a interdit aux élèves autochtones de Listuguj de fréquenter leur école à Campbellton. Il avait aussi interdit aux entreprises saisonnières de faire venir des travailleurs étrangers.

Quand il s’agit de l’accueil de réfugiés, Blaine Higgs fait par contre preuve d’une surprenante ouverture. Il s’était d’ailleurs déplacé à l’aéroport du Grand Moncton, l’été dernier, afin d’accueillir en personne quelque 170 Ukrainiens qui fuyaient la guerre. Le vol avait été affrété par son gouvernement.

Les politiciens populistes ne se gênent pas pour essayer de marquer des points avec l’immigration. Nous en avons été témoins la semaine dernière, quand le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a donné un ultimatum d’un mois au gouvernement Trudeau pour fermer l’accès au chemin Roxham; une solution simpliste qui ne règlerait rien du tout. Rendu là, aussi bien ériger un mur comme Donald Trump rêve de le faire le long de la frontière américano-mexicaine!

Ce n’est pas comme si Roxham était l’unique point d’entrée irrégulier au Canada. Moins de la moitié des demandeurs d’asile l’année dernière au Canada sont passés par ce chemin. Si des barricades sont érigées à cet endroit, les migrants choisiront une autre voie. Un simple coup d’œil sur une carte géographique nous laisse croire que plusieurs feront un détour par le Maine et termineront leur périple au Nouveau-Brunswick.

L’attrait des demandeurs d’asile pour le chemin Roxham est un problème québécois, mais une responsabilité nationale. Le premier ministre Higgs l’a compris et a fait savoir publiquement que son gouvernement est prêt à intervenir dans ce dossier. C’est tout à son honneur.

Ce ne sera toutefois pas facile. L’expérience avec les réfugiés ukrainiens nous démontre qu’il y a des défis – et des coûts – qui accompagnent l’accueil et l’intégration de ces nouveaux arrivants, notamment en ce qui concerne le logement.

Nous pouvons néanmoins y arriver. Le Nouveau-Brunswick est la province qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés syriens par habitant de toutes les provinces du pays, sous le leadership du premier ministre libéral Brian Gallant. Nous pouvons encore une fois jouer un rôle utile, cette fois avec la volonté de Blaine Higgs.

M. Higgs voit bien le Nouveau-Brunswick accueillir de 100 à 150 immigrants. Cela nous semble raisonnable. Peu importe le nombre de personnes qui seront accueillies dans notre coin de payer, il sera toutefois crucial que cela se fasse avec l’aide technique et financière du gouvernement fédéral. Nous n’avons pas à subir un fardeau démesuré comme c’est présentement le cas au Québec.

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