La remontée du Parti progressiste-conservateur dans les intentions de vote est un rappel qu’il ne faut pas compter cette formation comme étant vaincue d’avance. Les partis de l’opposition auront fort à faire pour convaincre l’électorat que le gouvernement Higgs a fait son temps.

Les sondages de Narrative Research révèlent l’humeur des électeurs tous les trois mois. Ils ont une marge d’erreur relativement élevée (celle de cette semaine est de plus ou moins 4,6 points de pourcentage, 19 fois sur 20), mais ils ont l’avantage d’être réguliers. Les sondeurs posent toujours les trois mêmes questions, ce qui nous permet de bien suivre les courbes de popularité du gouvernement, des partis politiques et des chefs.

Le plus récent coup de sonde révèle que les intentions de vote des progressistes-conservateurs ont augmenté de 7%, si bien qu’ils ont repris l’avance sur les libéraux. Il montre aussi une hausse de la popularité du premier ministre Blaine Higgs et du taux de satisfaction à l’endroit du gouvernement.

Comment expliquer ce renversement de situation? Il ne faut pas être sorcier pour le deviner. Les Néo-Brunswickois ont été sondés du 7 au 25 février. Or, le vendredi 17 février, le ministre de l’Éducation Bill Hogan a annoncé que le gouvernement n’abolira finalement pas le programme d’immersion du système scolaire anglophone.

Ce programme est extrêmement populaire au Nouveau-Brunswick. La décision de Blaine Higgs d’y mettre fin avait été très mal accueillie. Le premier ministre a beau être un idéologue obtus qui rejette toutes critiques, il sait aussi lire les chiffres. C’est ainsi que ce politicien qui se targue de ne pas avoir peur de prendre des décisions difficiles a reculé pour des raisons électoralistes.

L’impact n’a pas été long à se faire sentir. Si des élections provinciales avaient lieu aujourd’hui, le gouvernement Higgs serait en excellente position pour obtenir une deuxième majorité consécutive.

Pour les partis d’opposition et en particulier le Parti libéral, c’est une nouvelle préoccupante.

Le taux d’insatisfaction du gouvernement Higgs est encore relativement élevé à 56%, sauf que de nombreux électeurs du Nouveau-Brunswick anglophone le préfèrent encore aux partis qui forment l’opposition. Il est vu en quelque sorte comme un moindre mal.

Le défi des libéraux sera de séduire un plus grand nombre de Néo-Brunswickois et de le faire dans un univers où les paramètres politiques ont été grandement modifiés par le premier ministre Higgs au cours des cinq dernières années.

Nous ne sommes plus en 2006 (victoire de Shawn Graham) ni en 2014 (victoire de Brian Gallant). Les libéraux ne pourront pas passer les prochains mois à multiplier les promesses totalisant des centaines de millions de dollars.

Au contraire, Blaine Higgs a vaincu Brian Gallant en 2018 en faisant un minimum de promesses. Il a passé les dernières années à réduire l’empreinte du gouvernement sur la vie des gens. Il a dégagé des mégasurplus budgétaires qui ont surtout servi à rembourser une partie de la dette publique.

Les libéraux réaliseront probablement une autre razzia des circonscriptions acadiennes, en particulier si Blaine Higgs reste en poste pour la prochaine campagne électorale. Ils auront toutefois le double défi de se démarquer des progressistes-conservateurs et de le faire de façon responsable. Sinon, ils n’arriveront pas à réussir une percée digne de ce nom dans les régions à majorité anglophone.

En termes plus clairs, une bonne part des Néo-Brunswickois n’accepteront pas un retour aux grandes dépenses et aux déficits budgétaires des années Graham, (David) Alward et Gallant.

La chef libérale Susan Holt semble être consciente de ce dilemme, comme l’a démontré sa réaction tout en retenue dans le dossier de l’abolition de l’immersion française (elle n’a pas voulu promettre de façon simpliste d’infirmer la décision aussitôt au pouvoir). Elle s’est aussi gardée de multiplier les promesses coûteuses. Mais cela suffira-t-il à permettre à son parti de triompher en 2024?

Le gouvernement Higgs avait offert un cadeau inespéré aux partis d’opposition en annonçant son intention d’abolir le programme d’immersion française. Il leur a retiré.

Les libéraux ne peuvent plus compter sur la colère contre l’abolition du programme d’immersion pour faire le travail à leur place. Ils devront trouver de nouvelles façons de convaincre l’électorat qu’il ne peut plus avoir confiance en Blaine Higgs et que le temps est venu de changer de gouvernement.

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