Existe-t-il une meilleure façon de choisir les membres des commissions chargées de redessiner les cartes électorales? Sans doute. La procédure actuelle donne toutefois de bons résultats.

Au Nouveau-Brunswick, les membres de la Commission sur la délimitation des circonscriptions électorales et la représentation sont sélectionnés par les membres du comité administratif de l’Assemblée législative. Celui-ci comprend présentement une majorité de députés progressistes-conservateurs, mais aussi des élus du Parti libéral et du Parti vert.

Dans les faits, le bureau du premier ministre ne laisse pas carte blanche au comité. Il exige de connaître d’avance l’identité des noms que les partis d’opposition présenteront, et ce, même si rien en ce sens n’est prévu dans la loi.

Le Parti vert a refusé de prendre part à ce jeu de coulisses et de soumettre ses propositions au gouvernement. Il a plutôt présenté une candidature directement au comité législatif. Celle-ci a été rejetée par les libéraux et les progressistes-conservateurs.

Les formations politiques de gauche comme le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert préfèrent avoir raison que de gagner. C’est ce qui est survenu dans ce cas-ci.

Le bureau du premier ministre ne devrait effectivement pas se mêler de ce processus. En refusant d’obtempérer à la directive, les verts se sont toutefois privés de toute chance d’influencer la composition de la commission de révision des limites des circonscriptions.

David Coon est l’un des perdants de la nouvelle carte électorale. Sa circonscription a été scindée en deux. La région de Fredericton est depuis quelques années un bastion progressiste-conservateur. Son centre-ville, et tout particulièrement le secteur de l’Université du Nouveau-Brunswick, est plus progressiste, ce qui a contribué à la victoire des verts. La nouvelle carte risque de compliquer les efforts de réélection du chef.

La même chose est arrivée au député fédéral de Saint-Jean-Rothesay, Wayne Long. Il a d’ailleurs annoncé cette semaine qu’il ne sera pas candidat à sa réélection et qu’il se lancera plutôt en politique provinciale.

Redessiner une carte électorale est un exercice périlleux, en particulier dans une province où il faut autant tenir compte de la composition linguistique, comme le démontre la controverse entourant le transfert d’électeurs acadiens de la région de Petit-Cap (une communauté de la ville fusionnée de Cap-Acadie) vers la circonscription anglophone de Tantramar.

Cela dit et quoi qu’en pense David Coon, les membres de la commission ont fait de l’excellent travail. Il n’y a surtout aucune raison de remettre en doute leur indépendance.

La nouvelle carte électorale provinciale ne ressemble en rien à celles en vigueur aux États-Unis, où des commissions hyperpartisanes redessinent les limites des circonscriptions afin de favoriser le parti au pouvoir et de marginaliser le vote des minorités.

Le gouvernement Higgs et l’opposition libérale auraient dû trouver une façon de mieux collaborer avec le Parti vert durant le processus de sélection des membres de la commission. Nous ne sommes plus à l’époque du bipartisme. En faisant preuve d’intransigeance, ils ont mis la table pour que leurs choix soient critiqués. Ils n’ont qu’eux à blâmer pour les accusations de partisanerie dont ils font l’objet.

Ne laissons pas celles-ci saper la crédibilité des commissaires, dont l’expertise ne saurait être remise en question.

Ils ont écouté les requêtes de la population et des élus, présenté une première ébauche de carte électorale, entendu les préoccupations et agi afin de satisfaire la plupart des demandes, dans les limites prévues par la loi.

La carte électorale aurait pu être différente. Elle aurait pu être meilleure ou bien pire. Mais rien ne laisse croire que les commissaires ont oeuvré selon un programme politique caché ou que leurs choix aient été influencés par la façon dont ils ont été nommés.

S’ils avaient voulu nuire aux verts, ils n’auraient pas divisé Tantramar pour respecter les lignes linguistiques. En analysant la carte des bureaux de vote en 2020, nous arrivons à la conclusion que la réélection de la députée verte Megan Mitton pourrait être facilitée en raison du retrait d’un nombre important d’électeurs qui ont voté rouge la dernière fois.

Le système de nomination des commissaires n’est pas parfait. Les verts n’ont cependant pas fait la démonstration que celui-ci va à l’encontre des intérêts des électeurs et des tiers partis.

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