L’aéroport régional de Bathurst risque la fermeture définitive. Tout doit être mis en œuvre pour éviter que ce scénario catastrophe devienne réalité.

Les problèmes de l’Autorité aéroportuaire du nord du Nouveau-Brunswick ne sont pas nouveaux. Ses revenus avaient diminué de 95% pendant la pandémie. Air Canada lui avait porté un coup terrible durant l’été 2020 en suspendant la liaison Montréal-Bathurst (elle l’a depuis reprise, mais à fréquence réduite).

L’annonce avait eu l’effet d’une bombe. L’aéroport a beau porter le nom de la ville de Bathurst, il est aussi celui de la région Chaleur, de la Péninsule acadienne et, jusqu’à un certain point, celui d’une partie du Restigouche et de la Miramichi. Sa fermeture, si elle devait survenir, aurait un impact dévastateur.

Cette infrastructure joue un rôle important pour le système de santé. Elle permet à l’avion-ambulance de transporter des patients vers les hôpitaux du sud de la province et en Nouvelle-Écosse, mais aussi d’accueillir les médecins et les spécialistes suppléants de l’extérieur qui contribuent à maintenir les services dans nos établissements de santé malgré la pénurie de personnel.

L’aéroport répond à un besoin en matière de transport. Plus de 40 000 passagers volaient chaque année entre Montréal et Bathurst avant que la pandémie ne vienne tout gâcher. Dans la dernière année, à peine 15 000 voyageurs ont franchi ses tourniquets. Seulement quatre vols hebdomadaires étaient à l’horaire.

La situation est maintenant critique. Selon le directeur général Jamie DeGrâce, l’aéroport est au bord de la fermeture. Les dépenses excèdent largement les revenus. À ce rythme, ce sera la faillite avant l’été.

Heureusement, tout n’est pas noir. Ils sont nombreux dans le Nord, à Fredericton et à Ottawa à comprendre l’importance de cette infrastructure stratégique. Le gouvernement fédéral est d’ailleurs intervenu d’urgence en 2021 en accordant 1,5 million $ à l’Autorité aéroportuaire pour lui permettre de surmonter la crise de la COVID-19.

Les gouvernements fédéral et provincial ont de plus contribué à sa croissance et à sa pérennité. En 2016, ils ont chacun injecté chacun 2 millions $ afin d’allonger la piste d’atterrissage et d’agrandir le terminal.

Il n’y a toutefois pas de solution facile. Les petits aéroports sont à la merci des transporteurs aériens. Quand ceux-ci se désintéressent d’une destination, les solutions de rechange ne sautent pas aux yeux.

Il ne faut pas s’attendre à voir les gouvernements subventionner les activités courantes de l’aéroport. Leur rôle n’est pas de maintenir artificiellement en vie des infras­truc­tures qui ne sont pas rentables. Tant les libéraux que les progressistes-conservateurs n’ont historiquement pas voulu créer de programmes d’aide permanents pour les petits aéroports, comme il en existe dans d’autres provinces. Parlez-en à ceux qui ont mené les combats pour la sauvegarde des aéroports de Miramichi, de Saint-Léonard et de Charlo.

Il est toutefois hors de question de baisser les bras. Les gouvernements fédéral, provincial et municipaux doivent travailler ensemble afin de trouver une solution à court terme qui permettrait d’éviter la faillite, tout en préparant un plan de relance à long terme.

Les décideurs qui prennent les choses en main peuvent faire bouger les choses. Nous en avons eu la preuve en 2012, quand le CN a annoncé son intention de démanteler le tronçon Newcastle en raison d’une baisse d’achalandage et du fait que les besoins en investissements totalisaient des dizaines de millions de dollars. Des députés et des ministres très engagés dans le dossier comme Claude Williams, Paul Robichaud et Yvon Godin ont permis de sauver et de restaurer cette voie.

Le député fédéral d’Acadie-Bathurst Serge Cormier a confirmé sa volonté de se battre pour sauver l’infrastructure. Ce n’est cependant pas clair si nous pouvons nous attendre au même niveau d’engagement de la part du ministre provincial des Transports, Jeff Carr.

Celui-ci a confié à l’Acadie Nouvelle avoir contacté son homologue fédéral, Omar Alghabra, afin de lui signifier le besoin d’un plus grand appui pour les services aériens régionaux.

Si l’effort du ministre Carr ne consiste qu’à essayer de convaincre le fédéral de s’occuper du problème, aussi bien dire que l’aéroport régional de Bathurst ne fera pas long feu.

Le gouvernement Higgs doit lui aussi se salir les mains. La survie de l’aéroport passe par un engagement de tous les paliers de gouvernement, comme ce fut le cas il y a une décennie, au moment de sauver le transport ferroviaire dans le nord et l’est de la province.

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