Le ministre des Finances Ernie Steeves déposera mardi matin le budget provincial. La situation budgétaire du gouvernement provincial est la meilleure de l’histoire politique moderne du Nouveau-Brunswick. Il doit utiliser une partie de la marge de manoeuvre dont il dispose afin d’aider la population.

Les budgets du gouvernement progressiste-conservateur de Blaine Higgs se ressemblent. Ils sont sans imagination, comprennent peu ou pas d’initiatives d’envergure et sous-estiment largement les revenus prévus afin de cacher l’ampleur des surplus budgétaires à venir.

L’année dernière, le budget provincial prévoyait un surplus de 150 millions $. L’excédent risque dans les faits de frôler le milliard de dollars.

Le même scénario s’est joué lors de l’exercice financier 2021-2022. Il y a eu une différence colossale de plus de 1 milliard $ entre le déficit prévu dans ce budget et l’extraordinaire surplus de 777 millions $ déclaré douze mois plus tard.

Nous espérons qu’Ernie Steeves fera preuve de transparence à propos de la santé financière de la province. Le ministre des Finances ne fait pas de bonne foi, et à répétition, de gigantesques erreurs d’estimation. Il cache sciemment la vérité aux contribuables. Cette détestable stratégie doit cesser.

Les budgets Steeves comprennent aussi généralement des baisses d’impôts ou des allégements fiscaux qui profitent de façon démesurée aux plus riches. Ce devrait encore une fois être le cas mardi.

Blaine Higgs et son équipe adorent se rendre hommage. Les discours du Trône, du budget et de l’état de la province comprennent toujours des paragraphes expliquant que le Nouveau-Brunswick est devenu un endroit extraordinaire grâce aux actions de l’administration en place.

Les derniers mois ont par contre été difficiles pour le premier ministre. Il a été contraint de reculer sur un enjeu qui lui tient à coeur, soit l’abolition du programme d’immersion française, en raison de la colère de l’électorat anglophone. Le taux de satisfaction à son endroit est le plus bas au Canada, à égalité avec celui de la première ministre du Manitoba.

Ce budget est l’occasion pour le gouvernement de se redonner une direction. La crise de l’immersion étant passée, que veut-il faire exactement d’ici la fin de son mandat, à part dégager des surplus budgétaires faramineux et les utiliser pour rembourser la dette provinciale? Quelles initiatives mettra-t-il de l’avant?

Le discours du Trône d’octobre 2022 nous donne des indices à cet égard. Il met en lumière les véritables priorités de Fredericton: lutte contre la criminalité en construisant une prison, appui à l’industrie du gaz de schiste et développement de la filière des miniréacteurs nucléaires.

Pendant ce temps, nous attendons toujours l’ombre d’un début de vision sur les enjeux qui touchent la population: la crise du logement, la pénurie de personnel dans les hôpitaux et l’explosion du coût de la vie.

Blaine Higgs est au pouvoir depuis 2018 et est à la tête d’une majorité depuis 2020. Pourtant, il n’a rien fait qui vaille afin de juguler ces trois crises majeures.

Pire, il a même travaillé contre les intérêts de la population, notamment en mettant fin au plafonnement des loyers et en se contentant d’offrir des miettes aux citoyens les plus durement touchés par la hausse de l’inflation.

Le gouvernement croule sous les millions de dollars. La manne ne semble pas s’assécher, alors que l’inflation contribue à remplir le trésor public et que les revenus en provenance d’Ottawa – en particulier les transferts en santé – continueront de grimper en flèche dans un avenir prévisible.

Personne ne demande à Blaine Higgs et à Ernie Steeves de jeter l’argent par les fenêtres. Ils doivent toutefois trouver un juste équilibre entre le remboursement de la dette et des investissements judicieux dans des programmes sociaux qui craquent de toutes parts, en particulier depuis que les bleus sont aux commandes.

Depuis près de cinq ans, cette administration a agi en fonction de l’idéologie ainsi que des intérêts du premier ministre et de ses alliés, et ce, même quand cette approche a pour conséquence de nuire à la population.

Il est temps que cela change. Ce budget doit marquer la fin de l’indifférence du gouvernement à l’égard des enjeux qui touchent les Néo-Brunswickois. Il a amplement les moyens d’agir. Il ne lui reste qu’à trouver la volonté politique de le faire.

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