La convention collective des enseignants est échue depuis déjà deux années. Les négociations visant à la renouveler piétinent et pourraient tourner au vinaigre. Nous exhortons les deux parties à négocier de bonne foi afin d’éviter une grève.

Le syndicat des enseignants a lancé une campagne médiatique imagée et très efficace, cette semaine, dans laquelle il invite le gouvernement à cesser de presser le citron. Des manifestations ont été organisées devant le bureau de circonscription de Woodstock du ministre de l’Éducation, Bill Hogan, de même qu’à Fredericton et à Bathurst.

En 2021, les travailleurs de soutien en éducation et en santé avaient négocié des augmentations de 2% par année pendant cinq ans, à l’issue d’un conflit de travail qui avait duré 16 jours. Ils avaient eu droit aussi à un rajustement de salaire de 25 cents l’heure par année, ce qui a porté la hausse salariale annuelle à environ 3%.

On devine que Fredericton cherche à négocier un arrangement semblable avec le personnel enseignant. L’offre patronale comprendrait une hausse de salaire de 2%, un pourcentage qui est jugé insuffisant pour le syndicat. Celui-ci exige non seulement des hausses plus généreuses, mais aussi des incitatifs visant le recrutement et la rétention de personnel.

Les enseignants peuvent sans doute déjà oublier l’idée des primes. Le gouvernement Higgs a déjà refusé de telles demandes de la part des infirmières. On l’imagine mal accorder une exception au personnel enseignant.

Le premier ministre rêve cependant en couleurs s’il pense signer une entente à rabais. Les prochains renouvellements de convention collective coûteront cher au trésor public, ne serait-ce qu’en raison de l’inflation.

Les enseignants sont en droit d’exiger de meilleures conditions salariales. Il est vrai que leurs responsabilités se sont alourdies au cours des dernières années.

Nous espérons que les deux parties sauront s’entendre rapidement sur un compromis salarial qui tient compte de l’inflation et des nouveaux défis en éducation. Par contre, il y a un point sur lequel le gouvernement Higgs ne doit impérativement pas plier: l’augmentation du nombre de journées que les élèves passent en classe.

La convention collective prévoit que l’année scolaire ne peut durer plus de 195 jours. La réalité est toutefois différente. Le nombre de semaines où les écoliers fréquentent leur établissement scolaire pendant cinq journées complètes (le matin et l’après-midi) est moins important que vous le croyez.

Certains congés, les fermetures pour cause de météo, les journées réservées au perfectionnement professionnel ou à la préparation des bulletins sont tous comptabilisés comme étant des «journées d’enseignement».

Nous ne critiquons pas ces acquis. Personne ne demande que les écoles soient ouvertes le Vendredi saint ou que la semaine de congé de mars soit annulée. Le but n’est pas non plus de blâmer les enseignants. Ce ne sont pas eux qui ont forcé le gouvernement Higgs à leur donner congé le jour des funérailles d’une souveraine étrangère ou qui annoncent la fermeture des établissements scolaires au moindre soubresaut de la météo.

Le balancier penche néanmoins trop loin d’un côté. Il faut que les élèves passent plus de temps sur les bancs d’école.

Au Nouveau-Brunswick, une journée de classe ne pèse pas lourd. Elle peut être sacrifiée pour n’importe quelle raison. Ce n’est pas le cas des journées de formation du personnel, par exemple, qui sont reprises quand elles ne peuvent avoir lieu en raison d’une tempête.

Le gouvernement Higgs souhaite améliorer la situation en gardant les écoles ouvertes même quand le transport scolaire n’est pas offert. Une requête qui est accueillie avec scepticisme par une bonne partie des syndiqués.

Les fréquentes fermetures au cours des dernières années, en particulier durant les premiers mois de la pandémie, ont eu un impact négatif sur l’apprentissage.

Il est temps pour le gouvernement provincial et pour la Fédération des enseignants du Nouveau-Brunswick de chercher à augmenter de façon substantielle le nombre d’heures que les apprenants passent à l’école.

Les parties patronale et syndicale ont le devoir de penser aussi aux intérêts des enfants au cours de cette négo. La place de ces derniers est en classe, plus souvent qu’à l’heure actuelle.

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Une version précédente de cet éditorial laissait entendre erronément que le congé de mars de même que les congés fériés étaient comptabilisés dans les 195 journées d’enseignement. Ce n’est pas le cas. En effet, dans le langage de la convention collective des enseignants, les mots « jours déclarés fériés par le Gouverneur général ou le lieutenant gouverneur » ne font pas référence aux congés fériés comme Noël ou le lundi de Pâques, mais seulement aux jours fériés spéciaux, comme celui qui a été décrété par le gouvernement provincial pour les funérailles de la reine.

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