Les électeurs de trois circonscriptions seront appelés aux urnes, lundi. S’il fallait qu’un candidat libéral morde la poussière, ce serait un coup dur pour le parti et sa chef.

Le Parti progressiste-conservateur jouit d’une confortable majorité à l’Assemblée législative avec ses 29 députés (moins le président de l’Assemblée législative). Le Parti libéral ne compte que 13 sièges; le Parti vert, 3. Il y a un député indépendant (l’ancien ministre progressiste-conservateur Dominic Cardy) et trois sièges vacants, qui étaient jusqu’à tout récemment occupés par des libéraux.

Ces trois scrutins n’ont donc aucune importance stratégique. L’élection de nouveaux députés libéraux, y compris la chef Susan Holt, était vue comme une simple formalité. Même le premier ministre Blaine Higgs a concédé la défaite de son Parti progressiste-conservateur avant le début des campagnes électorales.

Le candidat libéral dans Dieppe, Richard Losier, est probablement celui qui a le moins à s’inquiéter du résultat. L’ancien PDG de Services de santé Medavie devrait l’emporter avec une forte avance.

Le scénario ne semble toutefois pas écrit d’avance dans les deux circonscriptions du Nord.

Le vote vert est en croissance dans Restigouche-Chaleur. Ce parti a terminé deuxième lors des deux derniers scrutins. En 2020, la candidate Marie Larivière a obtenu pas moins de 1896 voix.

Le Parti vert revient à la charge, cette fois avec une candidate qui jouit déjà d’une bonne notoriété. Rachel Boudreau était mairesse de Petit-Rocher, avant de s’incliner l’année dernière contre l’ancien député libéral Daniel Guitard. Elle n’est pas là pour faire de la figuration. Elle croit en ses chances de victoire contre le libéral Marco LeBlanc. Et elle n’est pas la seule.

Le cas de Susan Holt est plus complexe. Elle est candidate dans Bathurst-Est-Népisiguit-Saint-Isidore, une circonscription réputée favorable aux rouges. L’idée qu’elle puisse subir la défaite était considérée comme une hérésie au début de la campagne. Plus maintenant.

Elle fait face à un adversaire peu commode en Serge Brideau. Le candidat du Parti vert et chanteur du groupe Les Hôtesses d’Hilaire est bien ancré dans sa communauté, contrairement à Susan Holt qui ne connaît pas bien la région et ses citoyens.

Une défaite de Mme Holt serait catastrophique pour le Parti libéral, qui peinerait à se relever d’un tel camouflet d’ici les prochaines élections provinciales, prévues à l’automne 2024. La capacité de la chef à mener son parti vers la terre promise serait remise en question.

L’histoire joue néanmoins en sa faveur.

Il est vrai qu’il n’est pas inédit de voir des chefs de partis mordre la poussière dans leur propre circonscription lors d’élections générales. L’ancien premier ministre progressiste-conservateur Richard Hatfield a vécu cette humiliation en 1987. Même chose pour le libéral Kevin Vickers en 2020.

Par contre, un chef de l’opposition qui tenterait de faire son entrée à la législature lors d’une partielle, dans une circonscription auparavant occupée par un élu de son parti, et qui serait ensuite rejeté par les électeurs? Voilà un scénario moins commun.

Une victoire de Mme Holt malgré une véritable opposition, comme celle offerte par le candidat Brideau, pourrait par ailleurs lui apporter une bonne dose de crédibilité, laquelle lui sera très utile pour la suite des choses.

En 1998, un jeune Bernard Lord tout juste élu chef du Parti progressiste-conservateur s’était porté candidat dans Moncton-Est. Ce n’était pas gagné d’avance. La circonscription avait longtemps été représentée par le ministre Raymond Frenette. M. Lord avait aussi dû faire face à un candidat libéral vedette, l’ancien hockeyeur Charlie Bourgeois.

Bernard Lord l’avait emporté de façon décisive, ce qui avait ouvert la voie à sa grande vague bleue de 1999.

Justin Trudeau a vécu une expérience semblable en 2008. Il avait choisi de se porter candidat dans Papineau, une circonscription qui était détenue par le Bloc Québécois, plutôt que de se présenter dans le château fort libéral d’Outremont. En évitant de faire son entrée au Parlement par la voie royale, il avait instantanément gagné un élan qui lui a bien servi au moment de devenir chef du Parti libéral, puis premier ministre du Canada.

Les électeurs de Bathurst-Est-Népisiguit-Saint-Isidore et, dans une moindre mesure, ceux de Restigouche-Chaleur et de Dieppe, sont privilégiés. Il est rare que des élections partielles comptent à ce point. Nous les invitons à voter en grand nombre. Leurs choix pourraient avoir des conséquences insoupçonnées.

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