Le gouvernement fédéral a enfin réussi à accoucher de son plan d’action en matière de langues officielles. L’argent est au rendez-vous. Les bonnes intentions aussi. Il ne reste plus qu’à l’adopter. Nous invitons les partis politiques représentés à la Chambre des Communes à collaborer afin qu’il puisse être mis en place le plus tôt possible.

Il est toujours difficile d’analyser les stratégies quinquennales d’Ottawa en lien avec les langues officielles. Les objectifs ont beau être ambitieux, ils ne sont que rarement atteints. La plus récente mouture prévoit, à titre d’exemple, des mesures censées freiner la baisse du poids démographique des francophones au Canada. Est-ce réaliste? Probablement pas.

Ne faisons toutefois pas la fine bouche. Cette nouvelle feuille de route compte de nombreuses mesures positives, à commencer par l’enveloppe qui lui a été allouée: 4,1 milliards $.

À titre comparatif, le premier plan d’action fédéral, qui couvrait la période 2003-2008, comprenait un budget de 1,9 milliard $. Le dernier (2018-2023) avait été financé à hauteur de 2,7 milliards $.

La hausse de 1,4 milliard $ prévue par la ministre Ginette Petitpas Taylor pour les cinq prochaines années est donc considérable. Le gouvernement Trudeau se donne les moyens de ses ambitions, avec ce qu’il présente comme étant «le plus important investissement en matière de langues officielles dans l’histoire canadienne».

Ce n’est pas rien.

Plus important encore est le ton. Ottawa reconnaît que s’il y a bien deux langues officielles au Canada, il n’y en a qu’une qui a réellement besoin de l’appui des gouvernements. On vous laisse deviner laquelle. Il s’agit d’un changement de cap important. Celui-ci survient alors que cette vision est rejetée par l’actuel gouvernement en poste à Fredericton.

C’est en effet le jour et la nuit entre l’approche du premier ministre Justin Trudeau et celle de Blaine Higgs. Le premier renforce la Loi sur les langues officielles du Canada, le deuxième tente plutôt de diminuer la portée de la mouture provinciale, qu’il voit comme une nuisance.

Cette différence d’attitude se reflète aussi dans les déclarations des Acadiens au pouvoir.

La ministre fédérale des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a ainsi insisté sur le fait que la langue française est menacée au Canada et que les communautés francophones en milieu minoritaire ont besoin d’une bouée afin de garder la tête hors de l’eau.

À Fredericton, les ministres Daniel Allain, Réjean Savoie et Glen Savoie ont plutôt accepté la tâche gênante de défendre la position de leur gouvernement qui a décidé d’ignorer les recommandations de la commission de révision de la loi sur les langues officielles. Ils ont poussé le bouchon jusqu’à présenter comme étant une bonne nouvelle la fin de la révision obligatoire aux 10 ans de cette législation.

Cela ne signifie pas que le plan de la ministre Petitpas Taylor est parfait.

La pilule la plus difficile à avaler se trouve du côté du financement réservé à l’éducation postsecondaire. Lors de la campagne électorale de 2021, les libéraux avaient promis une aide permanente de 80 millions $ par année pour les établissements en milieu minoritaire. Ce sera plutôt 32 millions $ par année, et seulement pendant quatre années. Nous sommes loin du compte.

Ce virage est inexplicable, quand on sait l’importance cruciale que jouent des institutions comme l’Université de Moncton dans la survie et la vitalité des Acadiens et autres francophones à travers le pays. La ministre Petitpas Taylor a tenté de se faire rassurante, mais ses explications ne nous ont pas paru convaincantes.

De plus, nous attendons encore de voir dans quelles «régions à forte présence francophone» les entreprises privées, de compétence fédérale, pourraient être assujetties à la Loi sur les langues officielles. Si les régions de Kent et du Sud-Est sont exclues, aussi bien dire qu’il n’y aurait là que de la poudre aux yeux.

Il faut maintenant faire adopter le projet de loi. Les libéraux, les conservateurs et les bloquistes ont croisé le fer lors des comités parlementaires et ont peiné à trouver un terrain d’entente. Le temps est maintenant venu de mettre les divisions de côté et de mettre le plan d’action en vigueur afin de pleinement appuyer nos communautés.

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