Blaine Higgs a surpris beaucoup de gens ces derniers jours en soutenant ne plus rejeter d’emblée l’idée d’un plafonnement des loyers. Le premier ministre s’apprête-t-il à effectuer un autre pas de recul? Espérons-le. L’incompétence de ce gouvernement dans le dossier de l’accès au logement depuis son arrivée au pouvoir est inexcusable.

Le marché locatif du Nouveau-Brunswick est mal réglementé. La faute ne revient pas au gouvernement actuel. Ses prédécesseurs, autant libéraux que progressistes-conservateurs, se sont traîné les pieds.

Ils pouvaient se le permettre. La population néo-brunswickoise a stagné – et parfois même régressé – pendant des décennies. L’accès au logement n’était pas un problème.

Tout a changé ces dernières années. La hausse rapide de la population de la province a eu pour effet de resserrer le marché locatif. Les propriétaires ont beau jeu d’imposer leurs conditions. Des loyers se sont mis à doubler ou tripler sans véritable justification. D’autres ont profité d’une législation laxiste pour acheter ou revendre à fort prix des édifices à logement, imposer des augmentations de loyer intolérables ou expulser les locataires afin de faire place à des occupants plus payants.

C’est ce qui est en train de se produire à Campbellton. Un édifice abritant des citoyens âgés de 65 ans et plus a été vendu à une entreprise dont le code postal correspond à une adresse à l’Île-du-Prince-Édouard. Le nouveau propriétaire a envoyé un avis d’expulsion à ses locataires. Il a laissé entendre qu’il souhaite plutôt louer à fort prix ses locaux aux infirmières de l’extérieur embauchés par le Réseau de santé Vitalité pour combler certains horaires de travail.

Rien dans la loi n’empêche quelqu’un d’agir de façon aussi sauvage. Des événements comme ceux-là se multiplient depuis la pandémie. Blaine Higgs a pris parti pour les propriétaires immobiliers et a longtemps refusé d’agir.

La semaine dernière, le gouvernement a organisé à Saint-Jean un sommet sur le logement. La ministre responsable, Jill Green, a invité les participants à partager leurs idées en prévision de la création d’une éventuelle stratégie provinciale. Sans surprise, des participants ont profité de l’occasion pour faire part de leur insatisfaction à la ministre.

Celle-ci a déclaré à l’issue du sommet que tout est sur la table, y compris le retour d’un plafonnement des loyers. Blaine Higgs a ensuite confirmé être en réflexion à ce sujet.

Ce virage n’est pas aussi étonnant qu’il en a l’air. M. Higgs aime montrer l’image d’un chef ayant des principes et qui ne laissera jamais des impératifs électoraux ou partisans le faire dévier de sa route.

Dans les faits, c’est tout le contraire. Quand l’opposition est suffisamment forte et organisée, il finit généralement par plier tout en jetant le blâme sur quelqu’un d’autre.

Le dossier du logement ressemble à celui de l’immersion française dans le système d’éducation anglophone. Là aussi, le premier ministre a d’abord été inflexible dans sa volonté de maintenir une décision allant à l’encontre des intérêts de la population. Il a ensuite envoyé son ministre (Bill Hogan) à l’abattoir en le faisant participer à des consultations avec les personnes lésées, avant de finalement annuler la décision.

Le fait que la ministre Green affirme qu’un plafonnement des loyers est désormais possible n’a pas plus d’importance que quand le ministre Hogan soutenait que l’abolition de l’immersion française n’était pas coulée dans le béton. Dans les deux cas, le dernier mot revient au bureau du premier ministre.

Blaine Higgs a vu la lumière dans le dossier de l’immersion après avoir vu ses appuis s’effondrer dans les sondages. Espérons qu’il la verra aussi dans celui du logement.

Nous l’avons écrit plusieurs fois en éditorial et nous le répétons: le gouvernement Higgs doit imposer un plafonnement des loyers et le maintenir jusqu’à ce qu’une stratégie sur le logement soit mise en place et que les effets de celle-ci se fassent sentir. Il doit de plus éliminer les trous dans la législation qui permettent les expulsions abusives comme celles en train de survenir à Campbellton.

Le fait qu’après cinq ans de pouvoir, le chef progressiste-conservateur hésite toujours à défendre les locataires relève à la fois de l’incompétence et de l’entêtement idéologique.

Beaucoup de gens auraient droit aujourd’hui à une meilleure qualité de vie s’il avait agi rapidement et décisivement au début de son mandat, comme tant de gens le réclamaient.

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