Depuis plus de six ans, des citoyens de Richibucto vivent avec un encombrant voisin. L’usine Coastal Shells Products dégage des odeurs nauséabondes. Cette situation n’a que trop duré. Il faut que ça cesse.

Le Globe and Mail a beau être un journal national, il traite peu des enjeux essentiellement néo-brunswickois. Cette semaine, il a pourtant consacré une bonne partie de sa page frontispice à Richibucto. «Tu ne peux pas rester à l’extérieur. Tu vas vomir», a indiqué avec force Claudette Robichaud, qui réside à 400 mètres de l’usine et dont la déclaration a été mise en évidence dans ce journal.

Inutile de dire qu’en temps normal, les gens de cette ville, aujourd’hui amalgamée au sein de la municipalité fusionnée de Beaurivage, auraient préféré que le Globe and Mail, l’Acadie Nouvelle et tous les autres médias qui s’intéressent à leur triste situation produisent  des reportages portant sur les attraits de leur communauté.

Ils doivent plutôt se battre pour retrouver une qualité de vie qui leur a été volée.

En 2016, Coastal Shells Products, qui portait alors le nom de Omera Shells, a annoncé en grandes pompes l’ouverture d’une usine à Richibucto. Le gouvernement libéral a accordé à l’entreprise une aide financière totalisant 2,9 millions $, à travers Opportunités NB.

Cette nouvelle avait été applaudie à l’époque. Le taux de chômage est élevé dans la région. En 2013, Village Bay Sea Products avait déclaré faillite après presque 44 années d’opération à Richibouctou-Village. Quelque 170 personnes avaient alors perdu leur emploi.

Ainsi, quand Omer Gaudet a dévoilé son intention d’ouvrir une usine de transformation de déchets de fruits de mer qu’il décrivait comme étant «la plus grande installation de ce type au monde» et qu’il a promis de créer jusqu’à 74 emplois, l’heure était aux réjouissances. Le premier ministre Brian Gallant avait assisté à l’annonce, en affirmant que les projets innovateurs comme celui de M. Gaudet devaient être célébrés.

Tout le monde a rapidement déchanté. Les 74 emplois ne se sont jamais matérialisés (l’usine compte une vingtaine d’employés). Surtout, personne n’a expliqué lors de cette fameuse conférence de presse le calvaire auquel les résidents du secteur venaient d’être condamnés.

La promesse de création de 74 nouveaux emplois ne sera pas la seule à être rompue. Au cours des années qui ont suivi, le gouvernement provincial et les propriétaires de l’usine ont mis de l’avant plusieurs solutions censées réduire ou éliminer les mauvaises odeurs. En vain.

Les résidents ne se font plus d’illusions. Après des années de tentatives infructueuses, ils ont compris ce que Coastal Shells Products et le gouvernement provincial refusent de recon­naître, c’est-à-dire que personne n’a la moindre idée comment régler le problème. «Il faut que ça ferme», a tranché un citoyen  dans les pages de l’Acadie Nouvelle. Son opinion est partagée par le Comité d’action sur la qualité de l’air.

Le dossier n’est pas aussi simple. Rien ne démontre que les odeurs nauséabondes sont toxiques. De plus, Coastal Shells Products respecte les conditions du permis d’exploitation qui lui a été accordé par Fredericton. Elle n’enfreint aucune loi ou règlement.

Le véritable problème est sa localisation. Elle est située près de quartiers résidentiels, de l’aréna, d’un foyer de soins et même d’une école. Certains jours, les élèves ne peuvent sortir durant la récréation. Ils doivent rester en classe et laisser les fenêtres fermées. Pendant ce temps, les responsables de l’entreprise affirment que leur usine ne dégage aucune odeur désagréable.

Nous croyons que le gouvernement provincial doit intervenir et forcer le déménagement de l’usine, même si cela implique de verser aux propriétaires un dédommagement financier.

En effet, rien ne laisse croire que Coastal Shells Products réussira un jour à mettre fin aux odeurs qui pourrissent la vie des gens. Elle doit donc être établie ailleurs, loin des quartiers résidentiels et de l’école.

Le gouvernement Higgs tente ces jours-ci de faire adopter un projet de loi qui permettrait au ministre Daniel Allain de modifier ou d’abroger tout arrêté municipal qui va contre ce qu’il considère être l’intérêt public.

Pendant ce temps, il y a un dossier à Richibucto où l’intérêt public ne prime clairement pas sur les intérêts économiques du secteur privé. Le gouvernement provincial doit venir en aide aux citoyens et mettre fin une bonne fois pour toutes au problème des odeurs nauséabondes dans cette communauté.

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