Mélanie Prince ne changerait de métier pour rien au monde. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Le quotidien jamais banal des gardiens de zoo
Entre passer sa journée derrière un écran et prendre soin de lémuriens pleins de vie, le choix de carrière a été vite fait pour Mélanie Prince! Gardienne au zoo de Magnetic Hill, elle nous livre un aperçu de son quotidien passionnant au cours d’une visite.
Il est 11h. L’heure de servir des biscuits préparés sur mesure à Dylan, un vari noir et blanc doté d’un fort caractère. À force de patience, Mélanie Prince est parvenue à nouer une relation spéciale avec le jeune lémurien né à Moncton.
«Il déteste tout le monde sauf moi», s’esclaffe celle qui côtoie les animaux rares du plus grand zoo du Canada Atlantique depuis une quinzaine d’années.
Assignée à la section Afrique, elle s’occupe de nettoyer les enclos, de nourrir leurs occupants, de surveiller leur comportement, mais aussi de les distraire par le biais d’activités enrichissantes et l’apport de stimuli destinés à les encourager à utiliser leurs habiletés naturelles.
«On leur apporte chaque jour quelque chose de différent. Ça peut être une collation spéciale, de la nourriture placée dans un casse-tête, des jouets, illustre-t-elle. Je dois faire en sorte qu’ils soient aussi heureux et en santé que possible.»
En après-midi, Jacob recevra un grand bol de fruits. Son espèce, qui peuple l’est de l’île de Madagascar, est en danger critique d’extinction du fait de la chasse, du déboisement et de l’expansion des activités humaines. Leur population a chuté à près de 2000 individus.
Au contact des visiteurs du zoo, Mélanie Prince fait aussi œuvre de sensibilisation aux enjeux de conservation. Elle leur explique par exemple que notre consommation massive d’huile de palme et la déforestation qu’elle entraîne menace des dizaines d’espèces en Asie du Sud-Est.
Depuis le lancement de la saison, c’est un bébé gibbon à mains blanches appelé Milo qui capte l’attention et attendri le public. Solidement accroché au pelage de sa maman K’nook, le nouveau-né nous observe.
Pendant ce temps, son père, Rudee, se balance d’une corde à une autre jusqu’à nous avec une aisance et une rapidité déconcertante. Il tend ensuite ses longs doigts à travers le grillage pour saisir la gâterie que lui tend Mélanie.
La gardienne espère continuer à observer la famille encore longtemps: le gibbon le plus vieux ayant vécu en captivité est mort à l’âge de 56 ans. Présente dans les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, l’espèce est désormais menacée par le braconnage et la déforestation.
Mélanie Prince a appris comment interagir avec chacun des locataires du zoo. «Chaque animal a sa propre personnalité», note-t-elle.
Passer du temps aux côtés des primates acrobates, c’est ce qui l’allume le plus. «Je serais bien incapable de revenir à un emploi de bureau!»
En apprendre plus chaque jour
Sa collègue, Gabrielle Jacob, est du même avis.
«C’est incroyable de travailler avec ces animaux, tout le monde n’a pas cette chance», souligne la technicienne en santé animale
L’un de ses patients ce matin est Sherman, une tortue sillonnée de 26 ans. L’animal peine à mouvoir ses 185 livres en raison de la faiblesse de ses pattes arrière. L’an dernier, le menuisier du zoo lui a confectionné un fauteuil roulant pour lui permettre d’explorer plus facilement son environnement.
«Il a davantage d’énergie, il se déplace davantage», se félicite sa soignante.
Parmi ses tâches figurent l’administration de médicaments, la collecte de données sur la santé des animaux, la vaccination ou l’analyse des matières fécales et des prises de sang.
«Aucune journée n’est exactement pareille. La semaine dernière, un des singes a pris part à une bagarre, il a fallu l’opérer pour amputer un doigt. Je m’assure que les points de suture restent en place et qu’il prenne ses médicaments», renseigne Gabrielle Jacob.
«Il y a eu beaucoup à apprendre au début, je n’étais habituée qu’aux chiens et aux chats. Il faut faire beaucoup de recherches sur chaque cas et contacter d’autres zoos qui ont connu les mêmes situations.»
Fascinée par les grands félins, elle a particulièrement apprécié superviser la supplémentation alimentaire des bébés jaguars et donner à Tushy le vieux léopard ses médicaments pour les reins.
«Il y a des protocoles de sécurité lorsqu’on travaille avec les grands félins ou les ours, explique Gabrielle Jacob. On ne rentre jamais dans leur enclos s’ils s’y trouvent. Et chaque membre de l’équipe a sa propre clef pour éviter que quelqu’un ouvre une porte par accident.»
L’équipe n’a pas fini d’apprendre à soigner de nouvelles espèces, le zoo de Magnetic Hill accueillera bientôt trois wallabies à cou rouge en provenance du zoo de Peterborough, en Ontario. Si le projet d’expansion de la grande attraction de Moncton se concrétise, manchots, girafes et autres flamants roses les rejoindront au cours des prochaines années.