Qu’il s’agisse de secourir une tortue heurtée par un véhicule, une portée de jeunes écureuils déplacés par une coupe forestière ou un faucon blessé par un chasseur, l’équipe de l’Atlantic Wildlife Institute s’efforce de réparer une partie des ravages causés par l’activité humaine.

Situé à Cookville, à l’est de Memramcook, ce centre de réadaptation pour animaux sauvages est le seul du genre au Nouveau-Brunswick. Depuis 1996, on y recueille toutes sortes d’oiseaux, reptiles et mammifères blessés ou orphelins.

Pam Novak, directrice et cofondatrice de l’Atlantic Wildlife Institute, estime que l’organisme sans but lucratif est venu en aide à presque 30 000 victimes.

Lors de la visite du journal, un lynx, des aigles, plusieurs chouettes, trois renardeaux, de très jeunes écureuils roux, gris et quelques écureuils volants sont aux petits soins. Dès que leur état de santé le permettra, ils seront relâchés dans leur milieu naturel.

Trois renardeaux orphelins, Finn, Freya et Frankie sont actuellement soignés au refuge. – Gracieuseté
Trois renardeaux orphelins, Finn, Freya et Frankie sont actuellement soignés au refuge. – Gracieuseté

«On voit beaucoup de blessures liées à des collisions, détaille Pam Novak. On soigne aussi des animaux qui ont été attaqués par un animal domestique, comme un chat ou un chien, ou d’autres qui ont été pris dans une ligne de pêche, de la ficelle ou du fil de fer barbelé. Certains sont malades d’un empoisonnement au plomb et puis vous pouvez avoir des bébés dont la mère a été retirée ou déplacée. Ça peut par exemple être quelqu’un qui a chassé une mère écureuil de son grenier, puis a réalisé qu’il restait des orphelins, ou des oisillons retrouvés après que des arbres aient été abattus.»

En revanche, pas question de secourir une proie qui été attaquée par un prédateur: on ne traite ici que des dommages créés par les humains.

«Nous sommes tous responsables des perturbations de l’habitat des espèces sauvages que nous causons. C’est important pour moi de remettre sur pieds certains de ces animaux qui sont affectés par nos activités quotidiennes et le ramener d’où ils viennent», souligne la directrice.

Impossible de visiter les lieux en ce moment en raison de la multiplication des éclosions de grippe aviaire. Actuellement, le centre n’admet plus de nouveaux oiseaux. L’équipe devra d’abord établir des zones de quarantaine et renforcer ses mesures de biosécurité pour éviter de nouvelles contaminations.

Au fil des ans, l’Atlantic Wildlife Institute a soigné près de 250 espèces différentes et développé une vaste expertise. Des histoires des rescapés, Pam Novak pourrait en raconter toute la journée. Elle s’occupe présentement d’un bébé lynx retrouvé anémié dans une grange. Celui-ci a été sauvé de justesse grâce à la transfusion de sang prélevé de chats d’un refuge de la SPCA.

«Nous avons aussi recueilli un jeune faucon à queue rousse qui avait été accidentellement abattu par un chasseur. Nous ne pensions pas qu’il allait survivre, il convulsait, il commençait à vomir du sang. Nous avons réussi à le sauver et à le relâcher, et nous avons continué à le voir pendant trois ou quatre ans par la suite. C’est toujours un sentiment formidable de voir un oiseau qu’on a soigné sortir de sa cage et s’envoler haut dans le ciel!»

Victime d’un traumatisme crânien grave et d’une accumulation de sang dans l’œil gauche, ce Grand-duc d’Amérique a été soigné pendant trois mois et demi avant d’être relâché. – Gracieuseté

Aux conducteurs, Pam Novak suggère de ralentir la nuit et d’être plus alerte à la présence d’autres êtres vivants en bord de route. Elle demande aussi aux gens d’arrêter de nourrir les animaux sauvages.

Les mangeoires pour oiseaux, par exemple, font parfois plus de tort que de bien, car elles favorisent la transmission de la trichomonose aviaire, une infection qui se propage lorsque la salive contaminée d’un oiseau pénètre dans l’eau et les aliments consommés par d’autres oiseaux. Elle s’attaque alors à la cavité nasale ou buccale et son système digestif, laissant derrière elle un tissu nécrotique qui s’accumule et l’empêche de se nourrir.

«Lorsque vous créez des sources de nourriture artificielles, les animaux en deviennent dépendants et vous créez des déséquilibres ou favorisez la propagation de maladies. Et vous avez des animaux qui, malheureusement, doivent être abattus parce qu’ils se familiarisent trop avec les gens et sont alors considérés comme une menace ou une nuisance.»

L’organisme se donne d’ailleurs pour mission de sensibiliser aux questions de conservation, à travers son centre d’éducation, l’organisation d’ateliers pour les élèves, ou de camps d’été. Alimentant les travaux des biologistes, chaque intervention sert également à mieux comprendre comment protéger les espèces.

L’Atlantic Wildlife Institute recueille toutes sortes d’animaux sauvages blessés ou devenus orphelins à cause d’une intervention humaine. – Gracieuseté

«Je pense qu’il reste encore beaucoup à faire sur la façon dont nous, en tant que sociétés humaines, fonctionnons dans notre environnement, pour vivre, en harmonie avec tout ce qui nous entoure, estime Pam Novak. Non, il n’y a certainement pas assez d’efforts qui sont faits. Lorsque nous planifions de nouveaux développements, les espaces verts, les besoins de la faune doivent être mieux pris en compte. Si vous regardez l’équilibre de la nature, tout a un but à autre chose. Ce qui est laissé par une espèce contribue à une autre espèce ou au fonctionnement de l’environnement. Nous, les êtres humains, ne faisons pas cela. Nous créons des déchets au quotidien, les choses que nous créons, nous n’avons aucun moyen de les recycler ou de les réutiliser.»

Relâchée l’été dernier, cette tortue des bois avait la carapace fracturée après un choc avec un véhicule. – Gracieuseté

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