Lors de son discours sur l’état de la province, tout en promouvant les vertus de la restriction budgétaire, le premier ministre Higgs a pris une courte pause pour annoncer un don de 20 millions $ à une société appelée ARC Clean Energy.

Au cours du mois dernier, la société américaine ayant un bureau à Saint-Jean a changé son nom de «ARC Nuclear» à «ARC Clean Energy».

En 2018, lorsque notre province a fait un don de cinq millions de dollars à ARC Nuclear, il s’agissait d’une entreprise d’énergie nucléaire.

D’une certaine manière, il semble préférable, en 2021, que notre province donne 20 millions $ à une entreprise d’énergie propre.

Pour une toute petite start-up, ARC Clean Energy a remarquablement réussi à obtenir de l’argent des gouvernements. Il y a six semaines, lorsque la société mère américaine s’appelait encore ARC Nuclear, le gouvernement américain lui a remis 26,5 millions $ (33,6 millions $ canadiens).

Aujourd’hui, alors que le gouvernement du Nouveau-Brunswick lui a versé 20 millions $, la société ARC a annoncé qu’elle investira 30 millions $ de son propre argent dans le projet. Ils appellent cela un investissement «du secteur privé». Les contribuables américains pourraient l’appeler autrement.

Le réacteur nucléaire proposé par la société ARC, ARC-100, est très différent du réacteur CANDU de Lepreau. Lepreau est alimenté par de l’uranium naturel extrait au Canada. Dans sa brochure promotionnelle, la société ARC propose de nouveaux types de combustible pour son réacteur.

Le premier est l’uranium enrichi. Nous n’avons pas d’usine d’enrichissement de l’uranium au Canada. Les États-Unis ont une usine d’enrichissement.

Le deuxième type de combustible proposé, les déchets des réacteurs nucléaires à eau légère, nous n’en avons pas non plus au Canada. Les États-Unis ont des réacteurs à eau légère et beaucoup de déchets nucléaires qu’ils seraient heureux d’exporter au Canada.

Un autre type de combustible proposé par l’ARC-100 est «le matériel nucléaire retiré des armes, ce qui crée actuellement un sérieux problème de stockage et de sécurité». De toute évidence, le Canada n’a pas de problème sérieux de stockage et de sécurité des armes nucléaires, mais les États-Unis en ont un. Comme c’est pratique pour les Américains si les Canadiens pouvaient les aider à résoudre ce problème.

Les déchets nucléaires créés par ce projet de réacteur nucléaire contiendront des niveaux de radioactivité encore plus élevés et différents éléments radioactifs qui nécessiteront des installations de confinement supplémentaires. Les stratégies de stockage permanent de ces déchets toxiques mortels ne seront pas élaborées avant plusieurs années.

Après avoir obtenu les 58 millions $ des gouvernements américain et néo-brunswickois, la société ARC attend maintenant 20 millions $ supplémentaires du gouvernement canadien. Dans son discours, le premier ministre Higgs a laissé entendre qu’il le ferait prochainement.
L’ARC-100 est une nouvelle version non testée d’une ancienne conception de réacteur nucléaire.

Est-ce qu’il fonctionnera? Personne ne le sait, ce n’est qu’un dessin. Même 78 millions $ ne seront pas suffisants pour transformer le dessin en un réacteur nucléaire fonctionnel, il faudra plus d’un milliard de dollars.

Si ce milliard de fonds publics est fourni et que l’ARC-100 est effectivement construit, il faudra au moins une autre décennie avant de savoir si le réacteur fonctionnera. D’ici là, la plupart des personnes impliquées dans cette aventure – aux États-Unis et au Canada – seront à la retraite ou auront participé à d’autres projets. Mais c’est loin dans l’avenir.

Aujourd’hui, nous offrons un autre cadeau à notre ami américain.

Susan O’Donnell, PhD
Fredericton

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