J’ai appris samedi matin en lisant l’Acadie Nouvelle que le recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, est prêt à considérer le changement de nom de l’université à la suite du tollé de signatures demandant un tel changement. J’applaudis le recteur d’amener cette demande populaire devant le Conseil des gouverneurs de l’Université de Moncton.

Je peux comprendre pourquoi les fondateurs de l’université l’ont nommé Université de Moncton au début des années 1960. C’était durant les années du maire Jones et à l’époque où les sentiments anti-francophones et anti-Acadiens étaient courants auprès de la population anglophone du Nouveau-Brunswick. Si l’on donnait un nom qui aurait été inacceptable aux yeux du gouvernement de l’époque et la population anglophone, on risquait de perdre le projet d’une institution de haut savoir francophone. Il fallait trouver un nom neutre.

Finalement, on s’est rallié derrière le nom de l’Université de Moncton, étant donné que cette institution réside en plein centre de cette ville.

Il y a eu plusieurs tentatives par diverses personnes de changer le nom de l’université au cours des années. À chaque fois, l’idée d’un tel changement a été abandonnée sans avoir eu un débat sérieux. Cette fois-ci, il est possible qu’on ne change pas le nom, mais au moins on a déjà un débat sérieux, dans les médias, dans les salons, dans les différents espaces publics et bientôt au Conseil des gouverneurs de l’Université de Moncton.

Nous vivons actuellement un tournant historique où l’on effectue des changements de noms d’institutions, d’équipes sportives et de lieux.

La Ryerson University a changé son nom pour la Toronto Metropolitan University. L’équipe de football américaine de Washington a changé son nom de Redskins à Commanders. Ici au Nouveau-Brunswick, plusieurs municipalités ont subi une nouvelle identité à la suite de la réforme de la gouvernance locale.

Le moment est propice pour apporter des changements de nom d’institutions, de lieux ou d’équipes sportives pour améliorer l’image de ceux qui portent des noms de personnages ou de symboles qui ont joué un rôle historique de bourreaux ou d’oppresseurs auprès de peuples vulnérables.

Pourquoi j’appuie le changement du nom de l’Université de Moncton?

Le général Robert Monckton a joué un rôle primordial dans la déportation des Acadiens, mes ancêtres.

Plusieurs personnes m’ont souligné que ça fait plus de 260 ans que la Déportation a eu lieu, que c’est le temps de tourner la page. On peut bien tourner la page. On peut aussi comprendre pourquoi le général Monckton a posé ces gestes barbares envers le peuple acadien. Il suivait les ordres qui provenaient de Londres, mais nous ne sommes pas obligés de l’honorer en attribuant son nom à notre institution de haut savoir.

Jules Chiasson
Dieppe

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle