La fierté a un nom
Jean-Bernard Robichaud
Recteur de l’Université de Moncton de 1990 à 2000
À l’aube du 20 mars, journée internationale de la francophonie, voici un bref sommaire de la profondeur du mouvement en faveur du changement de nom de l’Université de Moncton.
La lettre adressée aux autorités de l’Université le 6 mars soulignait l’importance des mots et appelait les autorités à doter notre Université d’un nom qui reflète son identité et sa raison d’être. Tout cela en respect de son plan stratégique: Cap sur l’avenir.
En moins d’une semaine de sollicitation, 861 personnes ont accepté d’être cosignataires de la lettre et depuis le 11 mars, 500 autres personnes se sont ajoutées à cette liste, même si le groupe à l’origine du mouvement a cessé la sollicitation active. La liste continue à s’allonger…
Il n’est pas suffisant de constater le nombre d’individus qui se sont manifestés. Il faut ajouter les entités collectives qui ont manifesté leur appui formellement. À titre d’exemples, mentionnons la résolution du Conseil de ville de Caraquet, l’Association des juristes francophones du Nouveau-Brunswick (qui compte 265 membres), la communauté religieuse des Filles de Marie-de-l ’Assomption, l’Association acadienne des artistes professionnel.les du Nouveau-Brunswick et la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales de l’Université Sainte-Anne. On peut penser que si les individus qui composent ces entités étaient comptés individuellement, la liste dépasserait largement les 2000 signatures.
Cependant, il n’y a pas que cela. Prenons en considération la qualité des appuis. Pensons à Antonine Maillet qui a déclaré être prête à se battre pour le changement de nom, non pas qu’elle soit contre Moncton ou contre ce que l’université a été, mais parce que celle-ci doit représenter la modernité et la nouvelle réalité acadienne.
Quant au sénateur René Cormier dans sa lettre publique à ses compatriotes de l’Acadie, il déclare: «À l’instar d’autres peuples dans le monde, le temps est venu pour le peuple acadien de s’assurer que ses institutions portent des noms qui lui ressemblent et l’inspire pour l’avenir.»
Ajoutons une autre illustration de la motivation des signataires. Jules Haché, ancien maire de Lamèque, nous a écrit: «Je signe comme ancien de l’U de M, mais surtout comme Acadien et francophone qui revendique en toute légitimité une institution universitaire de langue française qui reflète notre identité, notre culture et notre histoire».
La liste de ces témoignages pourrait s’allonger. Ils suffisent pour démontrer l’engagement citoyen et l’importance que l’on accorde à notre université.
L’impact médiatique de notre mouvement a largement dépassé nos attentes. La couverture locale et les textes d’opinion dans les journaux ont été impressionnants. La presse nationale francophone et anglophone a diffusé notre positionnement face au changement de nom. Nous notons même un article paru dans le Vancouver Sun! Il y en a aussi eu dans les grands journaux du Québec, dont le Journal de Montréal. Mais pour les fins de notre illustration, retenons l’article paru dans le journal Le Droit d’Ottawa sous la signature de Sébastien Pierroz et intitulé «Université de Moncton: plus qu’un changement de nom». Dans cet article, l’auteur mentionne que ceci pourrait avoir un impact positif sur l’ensemble des minorités francophones au pays, particulièrement en Ontario.
Souhaitons-nous une bonne journée de la francophonie et espérons que le 20 mars 2024, notre Université porte enfin un nom qui reflète son identité et qu’elle continue à nous inspirer.