La question du nom de notre université refait à nouveau surface. Évidemment, il s’agit d’une question aussi sensible que difficile, mais nous pouvons et nous devons en sortir grandis.

Donnons-nous la chance cette fois d’avoir un bon débat engageant la communauté et convenons d’un processus ainsi que d’un mot d’ordre pour que celui-ci se déroule dans un climat de respect.

La décision du recteur, Denis Prud’homme, s’inscrit dans cette direction et son ouverture ainsi que celle de la haute direction de l’Université doit être soulignée.

Il faut d’abord féliciter le courage des fondateurs de l’université, au tout début des années 1960. Le Nouveau-Brunswick n’était pas bilingue, encore moins la ville de Moncton avec son maire Jones. La création d’une université francophone à Moncton relève d’un exploit que nous ne reconnaîtrons jamais assez.

Il était important qu’un investissement de cette importance ait lieu à Moncton pour renforcer la présence francophone et acadienne dans ce centre urbain en pleine croissance.

La ville de Moncton continuera à bénéficier de façon très importante de la présence du siège social et du campus de loin le plus important de notre université. Et c’est tant mieux! Mais il serait tout aussi important que l’Université reconnaisse sa nature réseau, avec ses campus de Shippagan et d’Edmundston.

Le très beau film L’Ordre secret de Phil Comeau nous démontre bien le courage, la rigueur et la grande solidarité qui ont été nécessaires pour faire avancer la francophonie et l’Acadie dans un environnement aussi difficile. Le choix du nom de Moncton à cette époque était pleinement justifié pour rassurer le leadership anglophone de l’époque et faire passer de façon discrète la nature résolument francophone de l’université.

Les temps ont changé, fort heureusement. Et le temps est venu pour notre Université de se donner un nom plus représentatif et respectueux, et de contribuer à la visibilité de la communauté acadienne.

La demande du changement du nom est un geste d’affirmation positive et de positionnement à la fois de son université et de l’Acadie elle-même vers l’avenir.

La dernière décennie au niveau provincial et les difficultés actuelles pour l’adoption de la nouvelle Loi fédérale sur les langues officielles nous démontrent cependant que les gains sont fragiles. Le contexte minoritaire provincial, canadien et nord-américain dans lequel nous vivons nous oblige à continuer à oser nous affirmer collectivement.

Nous devons avoir, nous aussi, le courage de prendre des décisions difficiles, comme l’ont fait les fondateurs de l’université ainsi que plusieurs autres institutions et entreprises acadiennes d’avant-garde.

Lise Ouellette
Edmundston

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