Qui dit amovibles dit aussi jetables
C’est sans surprise que nous apprenons que le gouvernement provincial a effectué des modifications législatives afin de réduire la taille des conseils d’administration des régies régionales de la santé et que le ministre Bruce Fitch se donne le pouvoir de nommer les sept membres qui composeront les conseils respectifs.
Je considère que cette approche est déplorable et que c’est un recul pour la démocratie participative des citoyens et des citoyennes.
À mon avis, notre système d’élection et de nomination des membres du conseil des régies avait l’avantage de mettre en premier plan la démocratie participative. Ce système d’élection est comparable à l’élection des élus au niveau municipal, provincial et fédéral.
Selon l’affirmation du ministre, ce mode de nomination «assurera une bonne combinaison de compétences et d’expertises au sein du conseil».
Cette affirmation me laisse perplexe. J’ai toujours cru que, lors des élections, la population utilise son jugement et elle vote pour les personnes les plus aptes à les représenter. Pourquoi douter des compétences et de l’expertise des membres du C.A. élus par la population lorsque cela touche les régies régionales de la santé?
De ce fait, devrait-on douter des compétences de nos élus au niveau provincial, en l’occurrence celles du ministre Fitch?
Tel que stipulé dans le projet de loi, le ministre nommera à titre amovible les membres du conseil d‘administration des régies.
Qui dit amovible dit aussi jetable, comme le furent les derniers conseils d’administration.
Plus ça change, plus c’est pareil.
Tout laisse croire que la population est mise de côté et que l’on rejette la recommandation du comité tripartite de l’Assemblée législative sur les soins de santé de tenir des élections pour élire huit membres et d’en nommer sept autres.
Cette recommandation, qui avait été acceptée par le gouvernement conservateur, soulignait, selon la ministre de l’époque, Madeleine Dubé, «l’importance d’offrir aux collectivités l’occasion de participer à la gestion des soins de santé et de s’assurer que leurs représentants soient actifs, informés et qualifiés pour s’acquitter de leurs fonctions».
Je suis d’avis que le système de santé est déjà trop politisé et que le fait d’enlever les membres élus diminue l’engagement des citoyens ainsi que des citoyennes envers leur système de santé.
Espérons que cette fois-ci, le ministre de la Santé établira concrètement le cadre de responsabilité des régies, ce qui n’a pas été le cas avec les anciens conseils d’administration.
Ce que la loi stipule et ce que le gouvernement décide de respecter sont deux choses bien différentes.
Norma McGraw
Petit-Tracadie