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Hommage à Jean-Paul Savoie
À plusieurs reprises, j’ai entendu parler de Jean-Paul, mais je n’ai pas souvent eu l’occasion d’interagir directement avec lui. Pour être honnête, peut-être deux ou trois fois, gros max. Toutefois, je ressens étrangement un sentiment de devoir qui m’interpelle afin de lui rendre hommage.
Pendant ces rares moments d’échanges, je dois vous avouer que cela me rendait à la fois excitée et nerveuse de m’entretenir avec lui, de façon significative. J’avais affaire ici à une personnalité publique qui avait plusieurs cordes à son arc. En tant que jeune adulte habitant à Saint-Quentin à l’époque, disons que je me sentais un peu gênée de rencontrer le maire de Kedgwick en face à face.
Cela étant dit, après avoir appris le récent départ de Jean-Paul, je me suis rappelé un bon soir que j’avais eu la chance de l’interviewer au sujet du Parti acadien, lors de mes premières années d’études universitaires. Comme quoi, la nuit porte conseil. Le lendemain, je me suis mise à chercher dans mes tiroirs et j’ai réussi à trouver la fameuse microcassette qui contient l’enregistrement de notre entretien. Je l’ai réécouté. Il y a des gens qu’on se lasse d’écouter, mais pour Jean-Paul, c’est une tout autre histoire. Quelle richesse! Il savait capter notre attention et il avait des choses intéressantes à nous raconter.
À l’entendre parler, il me faisait d’autant plus penser à un intellectuel. Il maîtrisait l’art de la parole à la perfection. Il arrivait avec grande aisance à nous réciter des poèmes qu’il avait appris sans doute par cœur, chose que je ne pourrai jamais accomplir, à mon grand malheur. Il nous partageait également des références de livres qu’il avait lus, notamment sur la ruralité. Bref, il se gardait stimulé sur le plan du savoir et il avait une excellente mémoire, ce Jean-Paul.
Si vous l’avez connu, c’était une personne qui se projetait vers l’avenir, sans toutefois oublier son passé. Vous serez d’accord avec moi pour dire qu’il n’avait pas peur de la nouveauté et de se lancer dans de nouveaux projets citoyens.
Malgré nos différences, il était toujours disponible pour servir la population, bien que son agenda soit souvent bien rempli, comme il me l’avait déjà dit. Néanmoins, il parvenait à nous y faire de la place.
Certes, le devenir de sa communauté, des régions rurales et de l’Acadie lui tenait sans cesse à cœur. Il avait des ambitions. Et il les annonçait sur la place publique. Lorsqu’il avait une occasion de s’impliquer et qu’il pouvait faire une différence, il se lançait à fond.
Et que dire de sa fierté acadienne! Il était perspicace, le type.
Rendus à ce point-ci, vous aurez sans doute compris que Jean-Paul avait de la substance. Ce n’était pas un deux de pique! Il allait au bout de ses convictions et il ne se laissait pas faire non plus. C’était un rassembleur, voire même un créateur de sens, ce qui est rare de nos jours. Il est vrai que l’union fait la force, n’est-ce pas?
Je regrette, Jean-Paul, de ne pas avoir su te dire ces mots à temps, mais je veux que la population sache à quel point tu as su faire une différence. Tu avais une vision. Tu as été capable de reconnaître le potentiel de ton monde, les richesses de ton territoire et de les mettre à profit.
Après leur départ, il y a des gens que l’on oublie et il y en a d’autres que l’on n’oublie pas, car ils y ont laissé leurs traces. Sache que tu continueras de faire partie de ceux qui resteront gravés dans nos mémoires.
Allez, bon voyage au paradis de l’Arcadie!
Marilyne Gauvreau
Gatineau, QC
Originaire de Saint-Quentin