Un système à bout de souffle
M’étant exprimée à plusieurs occasions sur la situation et le sort des personnes aînées, de nos anciens, de nos vieux depuis quelques années et plus récemment lors de notre recherche de services à domicile pour les besoins changeants de notre mère.
Souhaitant demeurer le plus longtemps possible dans sa maison, ma mère a reçu le soutien de sa famille, de son conjoint, des services extraordinaires de l’Extra-mural, de son médecin de famille, Dre Eve-Maryse Boudreau, de voisins et, plus récemment, d’une préposée aux soins à domicile, mais elle nécessitait des attentions particulières 24 heures par jour, tous les jours. Ne pouvant plus répondre à ses besoins, c’est le cœur en berne que nous avons abdiqué à l’admettre à l’hôpital de Bathurst, compte tenu de la situation de crise qui sévit actuellement.
Les membres de la famille immédiate de notre mère habitent à plus de 100 kilomètres de l’hôpital régional Chaleur, il était difficile de faire des visites quotidiennes afin de s’assurer que ses besoins de base et sa dignité soient respectés. Afin de mieux accompagner et assurer une transition dans la dignité de notre mère, la préposée aux soins l’a accompagnée, à nos frais, pendant plus de sept heures par jour afin de tenter de ne pas congestionner le système hospitalier, d’assumer notre part de responsabilité et surtout d’offrir les soins nécessaires à notre mère.
Depuis hier, notre maman a été transférée au Centre de santé communautaire de Lamèque où les soins sont prodigués avec beaucoup d’humanisme, de rigueur et de dignité.
Nous rapprochons notre maman de deux de ses enfants qui habitent la Péninsule acadienne.
Étant témoin de l’intérieur depuis une semaine, je confirme que les employés de l’hôpital régional Chaleur sont à bout de souffle, un personnel essoufflé ne peut tenir à bout de bras et à bout de cœur encore longtemps, de grâce soyons sensibles à ce tsunami qui sévit actuellement dans cet hôpital.
Nos vieux sont parqués dans des lits en attente de résidences ou s’ils sont chanceux, ils partiront plus rapidement. Notre système hospitalier assume une responsabilité qui n’est pas la sienne en ce moment, ce système déborde de personnes âgées, faute de services adéquats, nécessaires, essentiels répondant aux besoins spécifiques de cette clientèle.
Nos travailleuses de la santé sont impuissantes face aux besoins des personnes âgées et aux demandes des familles, nous sommes en plein tsunami et les ravages qui se font maintenant seront permanents sur notre système de santé. En regardant par la fenêtre de la chambre d’hôpital de ma mère, nous voyons le foyer Notre-Dame-de-Lourdes qui, en manque de personnel, doit fermer plus de 30 lits.
Je pense toutefois à Mme Lanteigne, à Mary-Ann et à M. Lagacé qui n’ont pas la chance de notre mère, je pense, aussi aux familles qui comme nous sont démunies face à l’ampleur de cette crise. Au risque de me répéter, cette crise n’est pas le résultat d’un seul et unique gouvernement, elle est le résultat d’un manque de vision préventif à long terme de tous nos gouvernements présents et passés, indépendamment de la couleur.
Regardons ce qui s’en vient, ça coûtera encore plus cher, nous devons prendre un virage et surtout donner les moyens aux gens du terrain de prendre des initiatives innovantes. Ce qui se passe à l’hôpital de Bathurst devrait être une situation passagère et non de longue durée!
Je suis très inquiète de la réforme de Higgs au niveau de la modification des régies de la santé. Qui défendra nos besoins et surtout nos droits s’il n’y a plus de personnes élues au sein de notre régie?
Enfin qui s’occupera de nous lorsque, ce sera notre temps?
Ginette Duguay
Chiasson Office