Tenter un retour à la boxe au-delà de la quarantaine n’est pas donné à tout le monde. Et les chances de succès, même lorsqu’elles ne sont pas semées d’embuches, sont plutôt minces. George Foreman est l’un des rares qui y soit parvenu. Plus près de nous, Robbie Cameron a récemment décidé de tenter le coup. S’il n’a pas la prétention de vouloir suivre les traces de Big George, il souhaite ardemment embellir de plus belle façon cette modeste carrière que l’on croyait clôt après son dernier affrontement qui remonte déjà à bientôt cinq ans.

De 2009 à 2018, l’Acadien Robbie Cameron, de Moncton, s’est forgé une fiche de six gains et sept revers en 13 combats.

Cinq fois il a triomphé par K.O., six fois son adversaire est parvenu à lui faire plier les genoux, dont ses deux derniers duels face à Samuel Vazquez et Kenny Chery, deux bonshommes qui n’avaient pourtant qu’un seul match d’expérience avant de croiser sa route.

C’est vous dire dans quel état d’esprit il était lorsqu’il a accroché les gants.

«Quand j’ai arrêté la boxe en 2018, il y avait beaucoup de monde qui souhaitait que je me retire. Ma famille, en premier», dit-il.

«Ç’a été difficile comme décision et j’ai toujours eu par la suite le sentiment que mon aventure dans la boxe était inachevée», souligne-t-il.

C’est l’année dernière que le goût de revenir s’est graduellement immiscé dans sa caboche.

Ainsi, il était dans les gradins pour voir les deux victoires de Ryan Rozicki au Centre 200 de Sydney. D’abord contre Yamil Alberto Peralta en mai 2022, puis face à Mario Aguilar en décembre.

Il était également dans le coin de Brandon Brewer pour sa victoire devant Juan Carlos Raygosa, en novembre, au Lighthouse Arts Centre de Halifax.

L’adrénaline ressentie dans ces trois matchs ont achevé de le convaincre de tenter un dernier tour de piste.

Malheureusement pour lui, le destin a décidé de lui compliquer la tâche. Le retour devra attendre.

Alors qu’il s’entraînait en vue d’un combat qu’il devait livrer le week-end dernier au Colisée de Fredericton, Robbie Cameron s’est déchiré le biceps gauche.

«J’étais en train de livrer une ronde d’entraînement quand j’ai tenté un crochet de gauche. J’ai tout de suite senti que quelque chose s’était brisé», révèle-t-il.

Ce n’est qu’au lendemain matin, devant son miroir dans la salle de bain, qu’il remarque l’horrible enflure de son bras.

«Mon biceps gauche était deux fois plus gros que celui de l’autre bras. J’avais le bras de Popeye. J’ai paniqué quand j’ai vu ça. Quand le docteur a vu les rayons-x, elle a découvert qu’il y avait aussi un problème avec la coiffe des rotateurs de mon bras. Elle m’a dit que le tendon de mon épaule était lui aussi pratiquement déchiré. Elle est d’ailleurs convaincue que c’est cette blessure qui a causé la déchirure du biceps», raconte-t-il.

Cameron avoue qu’il ressentait déjà du mal avant que le biceps ne déchire, Il croyait toutefois naïvement que c’était simplement l’usure du corps. Il ignore même comment il a pu se déchirer le tendon de son épaule. Il pense que ce pourrait être lors d’un entraînement en compagnie de Dominic Babineau, mais il est loin d’en être certain.

«Malgré tout ça, j’étais prêt à boxer et c’est finalement la Commission (des sports de combat du Nouveau-Brunswick) qui a dit non», lance-t-il.

Quelques jours plus tard, Cameron apprend qu’il passera sous le bistouri en septembre. Il devra ensuite s’armer de patience et respecter une réhabilitation qui devrait durer de six à huit mois. Puis, si tout va bien, il pourra penser à reprendre l’entraînement au printemps prochain et possiblement livrer un premier combat à la fin de l’été 2024.

«C’est l’objectif, dit-il. Même si j’ai 41 ans, je crois encore que j’ai quelques combats devant moi. Je n’ai pas le goût que ma carrière se termine sur une défaite. J’ai des choses à me prouver à moi-même.»

En bref… Brandon Brewer a remporté par décision unanime la finale de la soirée de samedi au Colisée de Fredericton. Il a défait le vétéran Rafael Sosa Pintos (62-18-0), un boxeur de l’Uruguay qu’on surnomme La Locomotive de Saltena… Dans les deux autres duels professionnels de la soirée, David Logue (1-0-0) a triomphé par arrêt de l’arbitre dès la première reprise devant Braden Simon (0-1-0), alors que Justin Grant (1-2-0) a gagné par knockout au deuxième engagement face à Jon Johnson (1-2-0)… Tous les autres combats de la soirée mettaient aux prises des boxeurs amateurs…

Un gagnant qui n’abandonne jamais

C’est dans les moments difficiles qu’on peut mesurer la ténacité d’un athlète face à l’adversité. Robbie Cameron en connaît quelques chapitres sur ce sujet.

Son père, Peter, était déjà un excellent athlète avant qu’un accident de la route ne le confine à un fauteuil roulant en 1982, la même année où Robbie a vu le jour.

Fiston a ainsi grandi en voyant le paternel devenir l’un des plus grands athlètes paraplégiques de la province.

Peter Cameron a non seulement représenté le Canada au tennis en fauteuil roulant aux Jeux paralympiques de Barcelone en 1992, mais il a aussi été le roi de cette discipline pendant un certain temps au pays. Peter Cameron, qui a été intronisé au Temple de la renommée du Nouveau-Brunswick en 2013, a de plus brillé pendant de nombreuses années au basketball, toujours en fauteuil roulant.

C’est d’ailleurs ce sport qui a permis à Robbie Cameron de quitter l’anonymat lors des Jeux d’hiver du Canada de Bathurst/Campbellton en 2003. Il était la principale vedette de la formation néo-brunswickoise. Notons qu’aux Jeux du Canada, le basketball en fauteuil roulant permet aux équipes d’aligner quelques joueurs sans handicap.

«J’étais bon dans ce sport. Et le plus important c’est que ça me permettait de jouer en compagnie de mon père», mentionne l’Acadien de 41 ans.

Avant le basketball en fauteuil roulant, Robbie Cameron a surtout excellé au hockey. Il a même porté les couleurs des Timberwolves de Miramichi dans la Ligue junior des Maritimes. Il a également aidé les Falcons de Fredericton à remporter le championnat provincial junior B en 2001.

Il a aussi eu beaucoup de succès à la balle molle, permettant même à une équipe de Moncton de remporter le Championnat canadien il y a quelques années. Il a plus eu du succès au cross-country, au badminton et au tennis, tout en se débrouillant fort bien sur un terrain de golf.

«J’ai toujours aimé le sport. La vie n’a pas toujours été facile et le sport m’a permis de me sentir mieux, particulièrement la boxe. Le sport a définitivement fait de moi une meilleure personne», termine Robbie Cameron.

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle